Troglodyte Dundee, le Sacré foulé aux pieds (2)

Série australienne (11), principe de réalité


L’immense monolithe d’Uluru et les dômes rocheux de Kata Tjuta, à l’ouest d’Uluru, font partie intégrante du système de croyances traditionnelles de l’une des plus anciennes sociétés humaines du monde. Les propriétaires traditionnels d’Uluru-Kata Tjuta appartiennent au peuple aborigène des Anangu. Mais l’évidence historique ne suffit pas devant les appétits d’une modernité galopante : les sites sacrés sont littéralement foulés aux pieds.


Nos ancêtres…

Il s’agit en l’occurrence des Pitjantjatjara, proches des Yankunnytjatara, des Ngaanyatjarra…
Pour tous les peuples aborigènes d’Australie, la terre revêt une importance cruciale dans leur conception identitaire. Les paysages de ce territoire sont riches d’histoires ancestrales, de pistes relatant tel ou tel « épisode » du « Rêve » appartenant à l’imaginaire des Pitjantjatjara, des Yankunnytjatara, des Ngaanyatjarra et Pitjantjatjara …
Comme tous les peuples aborigènes, ces derniers - s’ils ont abandonné leur mode de vie traditionnel (chasse et cueillette) malmenés par la modernité imposée par les colons -  ont malgré tout conservé leurs langues et une bonne partie  de leur culture. Ils sont aujourd’hui environ 4000 âmes réparties sur leurs terres en communautés éparses.
A quel moment les terres furent elles habitées par l’homme ? On sait que les Aborigènes peuplent l'Australie depuis 40 000 à 70 000 ans, et il est fort probable qu'ils n'habitèrent pas immédiatement les déserts du centre. Mais, dans les conceptions religieuses traditionnelles des Aborigènes, chaque peuple a toujours été là… Leurs ancêtres mythiques ont confié une partie spécifique du territoire australien à chacun lors du «Temps du Rêve», qui rend indissociables le passé et le présent, plutôt qu'une époque historique précise.

Les méfaits de la colonisation

Les premiers contacts avec les colons européens furent très souvent violents. Rapidement dépossédés de leurs terres, ce n’est qu’en 1921 que les Pitjantjatjara obtinrent une réserve de 73 000 kms2 , après une période de sécheresse qui poussa nombre d’entre eux à migrer vers l’est en quittant leurs terres. En 1937, le gouvernement de l’Australie méridionale créa une mission refuge presbytérienne qui réussit à préserver quelque peu leur culture.
Un nouveau pas fut franchi dans ce processus d’acculturation avec les essais nucléaires réalisés en plein territoire ancestral, à Maralinga par les Britanniques. La résistance se développa progressivement en réaction à ces implantations de sites :
Après une longue campagne, les Pitjantjatjara ont obtenu les terres Maralinga, ainsi qu'une aide financière pour l'élimination des déchets nucléaires. Le 6 décembre 1984, ils reçurent la propriété perpétuelle et libre de 81 373 km2 (soit environ 7,7 % de l'État d'Australie méridionale).
En 2004, ils se sont vu confier le Unnamed Conservation Park,(Parc de Conservation Anonyme) une zone d'environ 21 000 km2. Suite à quatre années de négociations, une loi (Pitjantjatjara Land Rights Act) est votée qui reconnaît aux Pitjantjatjara le droit à 103 000 km2 de leurs terres. Cette reconnaissance était peu commune à l'époque.

Gagnant-Gagnant… ?

Après huit années de demandes de la part des Aborigènes, le premier ministre Bob Hawke  annonça que le gouvernement fédéral leur restituait la possession des terres sur lesquelles se trouvent Uluru et Kata Tjuta. Un accord entre les Anangu et le gouvernement prévoyait que le site serait un parc national administré conjointement par le Australian National Parks and Wildlife Service et les Aborigènes, ces derniers constituant une majorité au sein de cette administration. Toutefois, les Anangu durent accepter de louer le parc pour une durée de 99 ans, et de permettre aux touristes de grimper sur Uluru, ce qui constitue une profanation d'un chemin du rêve sacré. Les autorités du parc demandent aux visiteurs de ne pas grimper sur Uluru, mais ne peuvent légalement les en empêcher. Des milliers de touristes grimpent sur Uluru chaque année.
Classé sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco, le Parc National d’Uluru-Kata Tjuta possède des espèces fragiles, adaptées au climat aride de l’Outback et constitue une ressource importante pour les Anangu qui ne peuvent résister à l’assaut des 400 000 touristes qui s’aventurent chaque année à escalader et défigurer ce rocher symbolique. Pour combien de temps ?
Alors si vous vous rendez sur ces lieux sacrés, respectez les, marchez autour, et laissez vos portables dans votre poche à l’approche des endroits interdits d’image.

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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Lundi 26 Novembre 2018 à 07:00 | Lu 291 fois