Troglodyte Dundee, Nawarla Gabarnmang

Série australienne (8)


Si Kakadu possède un certain nombre de trésors, au nord en terre d’Arhnem se cache mon « inaccessible étoile » : Nawarla Gabarnmang, ma motivation première pour ce périple australien. Durant plus d’un an nous avons tenté d’obtenir les autorisations nécessaires pour accéder à ce lieu (en hélicoptère !). Impossible de vaincre les résistances des autorités autochtones qui m’apparaissent naturelles en étant sur place.


Photographie de Jean-Jacques Delannoy.
Photographie de Jean-Jacques Delannoy.
Gabarnmang est situé dans le sud-ouest de la terre d'Arnhem, dans le haut du territoire du nord de l'Australie. L’occupation humaine du site a été datée d’au moins 44 000 ans, ce qui la place parmi les plus vieux sites d’ Australie. La connaissance relativement récente de l’Art Aborigène se heurte à l’épaisseur du temps en ce qui concerne les cultures aborigènes qui ont profondément changé depuis l’arrivée des humains modernes sur le continent australien : « Dès lors comment peut-on rendre compte de la longue production de l’art rupestre sur le continent australien et de sa diversité ? L’étude de l'art rupestre dans des sites ayant été fréquentés sur de longues durées permet d’apporter les connaissances nécessaires à la compréhension de la diversité de l’art aborigène. » (Nawarla Gabarnmang (Australie) article de Kris Hirst, archéologue, maîtrise en anthropologie de l'Université de l'Iowa.
C’est le cas de Nawarla Gabarnmang qui est un des sites majeurs d’art rupestre en Terre d’Arnhem (Nord de l’Australie), à proximité du Parc National du Kakadu.

La plus ancienne expression rupestre serait ce dessin au fusain découvert sur un fragment de rocher de cet « abri sous roche » dans le pays de Jawon, daté d’environ 26 000 ans avant J.C. . Comme les chambres contenant les peintures rupestres de Lascaux en France, l'abri de Gabarnmang occupé depuis 45 000 ans, est recouvert d'une masse de peintures d'âges et de styles différents, impliquant un degré élevé de superposition. Le site que j’avais la naïveté de vouloir visiter est l’objet de fouilles et d’études entreprises depuis sa redécouverte en 2010.
Pour resituer Nawarla Gabarnmang dans le contexte, l'art le plus ancien créé par l'homme moderne comprend les gravures de la grotte de Blombos (70 000 ans avant notre ère) et les gravures de coquilles d'œufs de l’abri sous roche de Diepkloof (60 000 avant notre ère) en Afrique du Sud et enfin les peintures de la grotte El Castillo, (39 000 ans avant notre ère)  en Cantabrie, Espagne.

L'abri de roche

© Copyright Australian Archaeological Association | AAA 2018 . All rights reserved.
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L’abri, qui appartient traditionnellement au clan Jawoyn Buyhmi, occupe un site isolé à l’est du parc national de Kakadu. La grotte est complètement ouverte au nord et au sud pour une surface habitable d’environ 1 500 mètres carrés. Son plafond d’une hauteur de deux mètres est soutenu par 36 piliers en grès. La roche tendre entre les piliers a été érodée en partie par les intempéries et l’effort humain. Le plafond, les murs et les piliers sont recouverts d'un collage spectaculaire de peintures murales aborigènes, avec des images traditionnelles de barramundi, crocodiles, kangourous, wallabies, figures humaines et spirituelles du "Rêve", une véritable chapelle Sixtine d'art préhistorique.
Parmi les autres artefacts antiques découverts dans la grotte, il y avait un morceau d'une hache de pierre tranchante, daté de 33 000 ans avant notre ère, qui précédait la plus vieille hache de pierre connue ailleurs d'environ 5 000 ans. Au cours des explorations et excavations réalisées sur place, un éminent spécialiste a mis la main sur le dessin au fusain fait sur un morceau de roche, d'environ 3 centimètres sur 3 centimètres, tombé du toit pendant la Préhistoire. Le fragment de pierre est âgé de 28 000 à 45 600 ans, tandis que le dessin au charbon est daté de 26 000 ans av. J.C..

Fermé pour travaux... d'études

Les magnifiques peintures murales de la grotte Nawarla Gabarnmang témoignent de manière vivante de la communauté du patrimoine culturel, de la cohésion sociale et de la spiritualité des premiers colons aborigènes d'Australie. Malheureusement, la quantité considérable d'art rupestre aborigène tandis que les artistes aborigènes ont continué à peindre et à repeindre les parois sur leurs sites traditionnels depuis au moins 4 000 ans peuvent poser des problèmes aux chercheurs et aux archéologues qui souhaitent étudier et dater le riche patrimoine humain du pays…
A suivre...

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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Dimanche 21 Octobre 2018 à 06:31 | Lu 930 fois