Sky spaces, JamesTurrell, Canberra, Australie

Lieux magiques


S’enfoncer dans le sol et la pénombre pour mieux s’envoler vers le ciel. Les Sky Space de l’artiste américain James Turrell sont pour moi parmi les lieux les plus magiques et les expériences spirituelles les plus fortes qui soient. J’ai découvert un nouveau SKY SPACE à Canberra, capitale fédérale de l’Australie, à la National Gallery of Australia.


Les lois optiques au service de l'art

Vous souvenez-vous de l’article sur le Roden Crater acheté par James Turrell en Arizona (article n° 1376) ? La première phase des travaux est terminée mais le site n’est pas encore ouvert au public. 4 grands musées d’art contemporain américains assureront à terme  la gestion de ce site, l’œuvre d’une vie d’un artiste visionnaire.
James Turrell crée des SKY SPACE dédiés à la contemplation du ciel, où les personnes sont invitées à se rendre avant le lever du soleil, ou avant le coucher de l’astre solaire. Les horaires varient tous les jours de l’année en fonction du solstice. En général, il s’agit d’un espace épuré, parfois sacré (un temple ou une église, un stupa), avec une ouverture vers le ciel. Assis ou allongés, sur des transats ou sur des bancs au dossier incliné, on contemple le ciel en transformation à travers un puits de lumière. La connaissance des lois optiques et de l’aéronautique permettent à l’artiste de créer des phénomènes lumineux extraordinaires qui amènent le contemplateur à des états  de méditation proches de la transe.
Le Skyspace de Canberra, construit en 2010, intitulé WITHIN WITHOUT (dedans, dehors)  est d’une beauté saisissante.

 

Une architecture sacralisée

James Turrell a retrouvé dans le ciel australien la luminosité des cieux sans limite et les conditions atmosphériques de l’Arizona. Il aura fallu 5 ans pour achever ce projet à l’architecture mêlant  la pyramide et le stupa, mais aussi rendant hommage aux cultures aborigènes.
Le stupa construit en ciment appareillé de pierres de basalte trône au milieu d’un étang à la surface bleue minérale. L’ensemble est situé à l’intérieur d’une pyramide à l’ouverture carrée et recouverte de terre et de verdure qui lui confère un aspect souterrain.  On  accède à la cour intérieure par une rampe en pente douce. La pyramide végétale est elle-même entourée d’un plan d’eau. Comme son nom l’indique, on est à la fois dedans et dehors. Quand on pénètre dans le stupa par une porte trapézoïdale, on se retrouve dans une salle circulaire avec un oculus rond ouvert sur le ciel. Le banc qui épouse les parois du stupa invite le visiteur à s’assoir. Au sol, comme un reflet du ciel, une dalle circulaire en pierre de lune, marbre bleu du Brésil crée une aire sacrée.

Un sablier de lumière

Il s’agit ici de ressentir physiquement la lumière, comme si on pouvait la toucher. Les 16 variations de couleur combinées entre le plafond courbe du stupa et les nuances naturelles du ciel en transformation à l’aurore ou au crépuscule engendrent une suspension du temps, ou plutôt son ralentissement : la lumière devient la mesure du temps, chaque jour, chaque instant différente, comme un sablier de lumière. James Turrell est bien le maître de l’ombre et de la lumière.

Prochain Sky Space à découvrir dans un temple à Pékin…
 
L.T.

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Rédigé par Renée Frank le Jeudi 14 Avril 2016 à 07:20 | Lu 180 fois