Safi, ville de potiers

Road Trip au Maroc


Connu pour ses usines de guano ou de phosphate ou son port sardinier, la ville de Safi, nichée entre Casablanca et Essaouira sur la côte atlantique marocaine, recèle une pépite cachée sur les flancs de la Medina : son ancestral village de potier. Rencontre avec Mohammed Ziwani, fils et petit fils de potier.


Des techniques ancestrales

De petits camions déversent la terre rouge concassée provenant des carrières  à l'extérieur de la ville. Plusieurs phases sont nécessaires pour obtenir l'argile malléable que Mohammed fait tourner sur son tour mécanique. Le potier casse les blocs avec un maillet. La matière hétérogène est ensuite mêlée à de la cendre et malaxée avec les pieds pour extraire l'argile. Après quelques jours au soleil, la deuxième opération s'effectue cette fois-ci à la force des poignets. L'argile rouge est ensuite mélangée au kaolin, argile blanche aux propriétés réfractaires importantes.
Les paquets d'argile étalés comme des bouses dans toutes les cours des ruelles  attestent de l'activité intense qui règne ici. Les fours creusés à même les flancs de la colline sont surmontés de cheminées oblongues qui s'allument une fois par semaine pour les deux cuissons successives : la première à 1000° dure 8 heures, la seconde cuisson, après émaillage  dure 4 heures et monte à 930°.

Tradition et modernité

Mohamed a 3 frères et soeurs. Après des études supérieures et une vie professionnelle loin de Safi, ils sont revenus à la maison pour pratiquer la poterie. Sa soeur qui travaillait au parlement de Rabat a préféré retourner à l'artisanat. Si l'activité économique est suffisante pour cette génération, en revanche, ce sera d'après lui plus difficile pour leurs enfants.
Les fours à gaz remplacent les fours à bois, même si les cuissons au bois sont recherchées par les amateurs. Le tour électrique rivalise avec le tour mécanique qui a l'avantage de maintenir une bonne activité physique.
La tradition se poursuit cependant depuis plus de 600 ans : les grands artistes potiers sont toujours enterrés sur la colline, leur famille dans le carré voisin, et les artisans plus bas, à la lisière de la colline. 70 potiers travaillent ici, et une trentaine d'autres sur une autre colline au-dessus des remparts de la vielle ville. Le fort , ancienne prison de l'époque du protectorat français, domine la medina et le village de potiers.
 

Lady Trog fait son shopping

La poterie de Safi est la plus connue au Maroc, avec la céramique  de Fès, qui est plus ouvragée. Dessins bleus et blancs, mais aussi jaunes et ocres avec des motifs au trait noir sont les décors les plus caractéristiques.
Les boutiques et les ateliers de toutes tailles s'étalent sur la colline des potiers et dans la médina. Certains potiers très connus sont là depuis 8 générations. C'est le cas de la famille Serghini, à l'entrée de la Medina, et dont le fils Mehdi gère le "Riad des pêcheurs" où nous passons une nuit fort agréable face au port sardinier.

Je me régale à choisir ici la vaisselle du futur gîte que les Trogs ouvriront cet hiver dans une grotte de pêcheurs, plus au Sud. Les travaux commenceront cet automne. A suivre....


Lady Trog



Rédigé par Renée Frank le Samedi 1 Novembre 2014 à 07:18 | Lu 1803 fois