Que s’est il passé en Périgord ?

Ou Le Cluzeau du Périgord, un piège génial … et mortel !!! -2-


Serge Avrilleau nous emmène à sa suite dans la découverte des « Cluzeaux » du Périgord. Nous le retrouvons dans ce second volet, moins romanesque que le précédent.
Après le scénario du « film » évoqué dans le sujet précédent, Serge revient les pieds sur terre, bien ancrés dans la réalité historique du moment, s’attachant à retracer l’évolution de ce refuge précaire.


Les Cluzeaux -3- Comment en est-on arrivés là ? par Serge Avrilleau

En 1229, faisant suite au traité de Meaux, le Concile de Toulouse décide l’Inquisition et en 1233 le comte Raymond VII organise par ordonnance la chasse aux Cathares qui ont découvert et utilisent les anciens souterrains-refuges très nombreux dans le Sud-Ouest (on en compte plus de 200 équipés comme expliqué ci-dessus, et il faut y ajouter les habitats troglodytiques et les grottes aménagées). Des rencontres ont eu lieu entre les Cathares et les Bogomiles de Bosnie comme semblent le suggérer les sculptures du  souterrain de La Roche Clermault près de Chinon ainsi que l’ordination épiscopale de St.Félix de Lauragais en 1167. C’est ainsi que ces ingénieuses forteresses souterraines vont être rendues inutilisables, notamment par leur comblement systématique. 

C’est la fin des Cluzeaux. Que s’est-il passé ?

Tout commence pendant la Préhistoire, à la fin du Néolithique : jusque-là les humains se contentaient de pénétrer dans les cavernes et y ont laissé les témoignages graphiques, peints et gravés que l’on sait. A partir d’une période où les hommes réduisent la chasse et la cueillette pour privilégier l’agriculture, ils se sédentarisent ; ils ne se contentent plus d’occuper les abris sous roche et les porches de grottes mais ils vont procéder à des aménagements qui vont modifier la physionomie et la finalité des cavernes naturelles. Nous parlons alors de grottes aménagées ou fortifiées. On verra apparaître des arasements du sol ou des plafonds, des retailles de parois, des creusements d’escaliers, des feuillures de portes, des encastrements de barrages, des anneaux, des larmiers, des bassins, des bas-flans, des silos, des constructions de murs, des conduits de surveillance et autres meurtrières.
Pour s’en convaincre, on visitera utilement les villages troglodytiques de St Pardoux-de-Mareuil (1) ou de La Madeleine (2) et bien d’autres dont le Périgord est si riche. Il arrive que le porche de certaines grottes ait été totalement obstrué et qu’un autre accès fortifié ait été construit à proximité immédiate
 
(1)         Le même inventaire, tome 5, édition PLB, pages 218 à 275 (St.Hilaire d’Estissac).
(2)        Le même inventaire, tome 7, arrondissement de Sarlat (à paraître).

Mais le gros inconvénient de ces grottes aménagées réside dans le fait qu’on ne peut choisir leur emplacement, car elles sont là où la nature les a élaborées au moyen des rivières souterraines dans les temps géologiques.
D’autre part, leurs entrées verticales sont trop visibles. Le besoin de protection se faisant de plus en plus sentir au cours du Moyen Age, la nécessité va bientôt suggérer la création de refuges souterrains entièrement artificiels, aux emplacements choisis pour leur relative discrétion et leur proximité des habitations, mais hors de portée des envahisseurs qui n’auront pas le temps de les chercher et qui furent nombreux au cours des siècles : Romains, Vandales, Barbares germaniques, Alains, Goths, Wisigoths, Vikings etc … Les guerres entre seigneurs et l’Inquisition ont aggravé la situation médiévale. De nouveaux occupants des cluzeaux, hérétiques pourchassés, Albigeois, Cathares, Vaudois, Lucifériens, Texerants et autres manichéens … seront les derniers à s’y réfugier avant l’élimination des uns et le comblement des autres.

Serge Avrilleau.

A suivre…

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Que s’est il passé en Périgord ?


Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mardi 30 Mai 2017 à 07:01 | Lu 288 fois