Petites histoires de troglos entre amis (3)

Il était TROIS fois…


« Là où il y a des grottes, les légendes foisonnent … » Le Monde Souterrain regorge de mythologies, de royaumes disparus, de personnages étonnants qui peuplent notre imaginaire et attisent notre peur des profondeurs d’outre-tombe. Au fil de notre incessante quête, nous avons rencontré des personnages curieux, méconnus voire tombés dans la désuétude et l’oubli… Aujourd’hui évoquons : le Sieur César.


Le montreur de diable

Les anciennes carrières parisiennes, plus ou moins désaffectées ont longtemps servi de refuges à nombre de marginaux. Les croyances populaires y trouvaient matière pour l’évocation de messes noires et autres sorcelleries. C’est ainsi que durant l’épidémie de peste qui ravagea la capitale, des foules se seraient pressées dans les carrières de Saint-Marcel pour y obtenir une guérison illusoire auprès de « gens malins », spécialisés dans l’art de la tromperie.
Le Sieur César, mentionné dans des dossiers de police de l’époque est révélateur de ces activités professionnelles et douteuses. Montreur de diable de son état, notre homme proposait contre espèces sonnantes et trébuchantes à ses clients de rendre visite au Diable reclus dans les carrières situées sous l’hôpital Sainte Anne (institution psychiatrique bien connue).
Une mise en scène particulièrement soignée avec les moyens de l’époque évoquait les feux de l’enfer (poix et soufre). Arrivait alors un grand bouc et selon les dires mêmes de César « traînant de lourdes chaînes, peintes en rouge vif…des chiens dont les têtes sont enfoncées dans des entonnoirs en bois, piqués par mes aides pour qu’ils hurlent de toutes leurs forces… » Bref, un scénario de cauchemar, pour un client roué de coup par les forces du mal, qui ne demandait qu’une chose, regagner le monde des vivants au plus vite. Les visites étaient payées d’avance.

Arrêté, Le Sieur César, réussit à éviter le bûcher, pratique courante de l’époque : il ne s’agissait que d’un escroc profitant des esprits naïfs et non d’un des cultes sataniques et non orthodoxes sévèrement réprimés au 17ème siècle.
Notre homme aurait pu faire fortune à notre époque férue de parc d’attractions et de multimédia.
Il termina ses jours dans un cachot de la Bastille et fut rejoint par un certain Delafosse qui proposait à  des dames aisées de leur faire rencontrer le diable dans les carrières de Gypse de Montmartre.
Mais revenons à l’ordre des Chartreux… à suivre.
 
(Les souterrains de Paris, Gunter Liehr et Olivier Fay, éditions de Borée)
 
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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mercredi 20 Décembre 2017 à 12:13 | Lu 151 fois