Naoshima : Sugimoto Hiroshi, Kamis, et escalier de verre

Le Japon souterrain


J’ai eu la chance de retourner à Naoshima après plusieurs années, mais aussi sur l’île voisine de Teshima où différents sites d’art contemporains sont en symbiose avec la Nature, souvent invisibles ou intégrés dans le paysage car tout en ou partie enterrés. C’est le cas du Musée dit CHICHU, c’est-à-dire « dans la terre », mais aussi d’autres sites dont le temple sacré de Go’o.


L'escalier de lumière

J’avais rédigé un article intitulé DE L’ART-CHITECTURE : Boucraa et Naoshima (article 1530). Je décrivais le lieu ainsi :
Au Japon, sur l'île  de Naoshima, dans l'archipel de la  Mer Intérieure, éclosent des oeuvres d'art contemporain, dans le cadre et autour du complexe architectural construit par Ando Tadao. Un lieu magnifique.
 Le photographe Hiroshi Sugimoto a réhabilité en 2012 un temple Shinto ancestral datant probablement de l'époque Muromachi  (1336-1573) et reconstruit à l'époque d'Edo (1603-1868). Les temples Shinto sont dédiés aux kamis, divinités de la Nature, souvent symbolisées par un arbre, une cascade, un rocher... Ici, en l'occurrence, on vénère un rocher sacré dit iwakura, en forme de banc de pierre.
 Le temple comprend  3 salles : la salle de prières, le hall principal et  la salle souterraine séparée des 2 autres par le rocher. Le photographe architecte a reconnecté l'espace sacré du haut à celui situé à  l'intérieur de la montage par un tunnel aux marches faites en verre optique, dit  "l'escalier de la lumière".  Après avoir pénétré la pénombre de ce lieu de culte souterrain, le visiteur peut en ressortant contempler l'éclat du soleil et de la mer par une ouverture creusée dans le rocher. Méditation et Sérénité assurées...

Rendez-vous avec les kamis

Cette fois, j’ai eu la chance d’expérimenter ce voyage initiatique dans cette matrice creusée sur un ilot de la Mer Intérieure et je n’ai pas été déçue. Le sanctuaire se dresse sur une colline au bord de la mer, au milieu d’un petit bois. Son toit de chaume et son architecture traditionnelle, son jardin de sable blanc et de galets répondent aux codes de l’esthétique et du culte Shinto. L’étrange escalier de verre imaginé par Sugimoto descend de la plateforme du  sanctuaire vers une immense dalle de pierre, posée là par les forces de la Nature auxquelles sont dédiées les divinités ancestrales, les kamis. On contourne ensuite le monticule et on accède par en-dessous à la crypte située sous la dalle. Avec mon amie Jacline, nous nous sommes engouffrées dans le tunnel étroit munies d’une lampe torche fournie par le gardien. Au bout du couloir, nous accédons comme dans une pyramide à un espace sacré. Les dernières marches de l’escalier de verre se reflètent sur une surface d’eau souterraine éclairée par nos seules lumières vacillantes. Le temps s’arrête. Nous avons donc parcouru le chemin inverse à celui des prêtres descendant dans la pénombre de la grotte par l’escalier de lumière.  Le gardien nous appelle de l’autre côté du tunnel. D’autres visiteurs attendent leur tour pour pénétrer dans le sanctuaire. Il faut quitter à regret cette antre aux ondes surnaturelles.

On se consolera bientôt par la visite du CHICHU museum et par la découverte de l’autre île, Teshima, la petite sœur de Naoshima. A suivre…
 
L.T.
 


Rédigé par Renée Frank le Samedi 29 Octobre 2016 à 07:40 | Lu 984 fois