Les nuits de Matera (1)

De l’ombre à la lumière

Le Sant Angelo a ouvert il y a 2 ou 3 ans. Il comprend un ensemble de 19 sassi (grottes) étagés sur plusieurs niveaux, dans la falaise qui domine les gorges de la Gravine. Tout en haut du domaine, les vastes salles du restaurant de gastronomie locale, Regia Corte, et son lounge bar, où déguster des vins italiens dans une ambiance feutrée. Une terrasse ensoleillée surplombe les sassi qui s’étagent le long des ruelles : on passe sans transition de l’ombre à la lumière, de l’éclat violent du soleil du Basilicate aux douces entrailles de la terre. Il y a aussi une salle de séminaire pour ceux qui prétexteraient de venir de travailler à Matera. Partout, la roche est à nue, ocre claire, creusée de niches d’où émergent de subtils éclairages. Des voûtes arrondies ou en ogive viennent soutenir les entrées des caves qui s’enfoncent parfois loin sous le coteau. Dans la pénombre des chambres profondes, les lits disparaissent sous une moustiquaire éclairée de bougies. Une seule porte, dominée par un haut imposte, laisse entrer la lumière naturelle. On déambule sur le site par des escaliers et des chemins pavés qui relient les différents espaces de cet " habitat diffus".

Le design italien au service de la roche

Ces restaurations luxueuses ont été entreprises depuis une dizaine d’années, boostées par la beauté intemporelle de Matera, longtemps protégée par l’oubli des promoteurs, et surtout par la vague du retour à des valeurs authentiques. Le Sant’Angelo resort est le fruit d’un méticuleux travail de restauration par l’architecte d’intérieur turinois Stefano Tarditi : ryad à Marrakech, ancien couvent, il a d’autres hôtels sublimes à son palmarès. Le travail sur les matériaux apporte une modernité à des lieux ancestraux : roche, bois, béton ciré, verre… Allongée sous la moustiquaire, à la lueur des bougies, je pensais avoir découvert ici le minimalisme ecochic troglo. Je n’avais encore rien vu : je vous parlerai bientôt de notre deuxième nuit à Matera au Sextantio…