Ne perdez pas le fil, accrochez vous!
Il était une fois une princesse chinoise appelée Si Ling Chi qui, il y a 26 siècles, trouva dans sa tasse de thé un cocon de papillon qu’elle retira délicatement de ses longs doigts effilés, et oh stupeur ! découvrit ainsi le principe du dévidage de la soie. Jalousement gardé, le secret mit 2000 ans à arriver en Grèce, parvint aux oreilles de « l'universelle araigne » vous savez bien ! Louis XI ! « l 'araignée qui contrôle tout au centre de sa toile » (dixit les Bourguignons). Serait-ce une prémonition quand on connait la résistance du fil de soie de l’araignée ?) Toujours que notre bon roi (l’autre aussi s’intéressa au fil, quand je dis l’autre il s’agit d’Henri IV) tenta d’en imposer la fabrication aux Lyonnais, en implantant des tisserands italiens. Que nenni ! les Lyonnais refusèrent et Louis XI n’en faisant qu’à sa tête la développa à Tours. Bon, quelques siècles passèrent, et il fallut attendre les travaux d’Olivier de Serres en 1654 pour voir le développement de la sériculture en France.
Mais voila, le règne fut bref. Arrivèrent les pesticides et autres prédateurs délégués qui par muriers dégradés interposés, la nourriture préférée du bombyx, empêchèrent celui-ci de se reproduire et en tout cas de produire une soie durable (vous savez bien, le développement !) et donc bombyx go home ! retour en Chine, en Inde, au Japon et à Madagascar (mais ça, c’est pour la prochaine fois). Eux n’ont pas perdu le fil.
Alors ! le rapport avec les troglos ?
A priori, aucun. Les troglos et les magnanières ne font pas bon ménage. La légende est plus que controversée, lorsque l’on voit du côté de Langeais ou au chateau de Brézé des traces de creusement dans la roche, plus proches des fuies que de l’élevage des bombyx. C’est la faute à Diderot qu a fait courir ce bruit… Du coup, la légende s’est installée. Parce que le bombyx s’élève sur des claies, pas dans des niches de tuffeau. Parce qu’il a besoin de beaucoup de chaleur et d’une humidité constante pour se développer, à moins d’installations spécifiques, comme celle du Coudray-Macouard. Initiée par Marie Foyer, la Magnanerie est gérée par Annie Demey. Le lieu de vie du bombyx est situé dans une cave spécifiquement aménagée pour l’élevage et la reproduction.
Si la fabrication est artisanale, l’intérêt du lieu est éducatif et culturel. C’est la mémoire et le savoir-faire qui sont privilégiés.
La visite guidée se déroule en trois étapes. Nous découvrons d’abord la croissance du vers à soie puis son alimentation. Enfin on apprend que le vers construit son cocon à l’aide du fil de soie qui peut mesurer jusqu’à 2000 mètres d’un seul tenant.
Le site est ouvert jusqu’au 15 octobre. Notez le SOIgneusement dans notre agenda et SOYEZ au rendez-vous!
Tout, tout vous saurez tout…
Pour finir, quelques définitions du Professeur Trog :
L'exploitant d'une magnanerie est appelé un magnanier ou plus couramment magnan. Dans une exploitation agricole, on peut aussi rencontrer la dénomination magnanière pour le bâtiment destiné à la sériculture. Les femmes employées dans une magnanerie sont appelées magnanarelles. Une magnanerie (de l'occitan magnan qui désigne le bombyx du murier) est un lieu d'exploitation de sériculture (l'élevage du ver à soie).
Et voilà, ça va de SOI.
photos ; Patrick Edgard-Rosa et Soraya Whabi