Les dessous de Gibraltar (1)

Carnets de voyages : Road Trip au Maroc


Avant de franchir le détroit, à destination du Maroc, nous séjournons dans cette vieille cité emblématique, principalement attirés par l’activité souterraine “multi-usages” : Gibraltar, 3 en 1.


1. Raccourci historique

Si vos pas vous mènent à Gibraltar, ne payez pas en monnaie de singe. Ce territoire a une valeur inestimable pour les Espagnols, les anglais, les marocains et … les singes.
Gibraltar (de l'arabe « Djebel Tariq » (جبل طارق), « le mont de Tariq » du nom de Tariq ibn Ziyad), est un territoire britannique d'outre-mer, situé au sud de la péninsule Ibérique, en bordure du détroit de Gibraltar qui relie la Méditerranée à l'océan Atlantique. Il correspond au Rocher de Gibraltar et à ses environs immédiats et est séparé de l'Espagne par une frontière de 1,2 kms.
Si le Rocher reste l’objet de discorde entre le Royaume Uni (possession depuis 1704) et l’Espagne qui le revendique, il faut savoir qu’il a été occupé par les Néandertaliens : “Le site de Forbe's Quarry a d'ailleurs livré en 1848 le premier crâne correspondant à cette espèce, lequel n'a toutefois été reconnu comme tel qu'après la découverte du site du même nom dans la vallée de Neander en Allemagne. Le site de la grotte de Gorham a également livré des industries moustériennes qui pourraient être parmi les plus récentes ».
Avant la conquête musulmane, le Rocher de Gibraltar était appelé Mont Calpé. Au début du 8ème siècle, dans le cadre de la conquête musulmane de l'Espagne wisigothique, le chef Tariq Ibn Ziyâd y établit une tête de pont en Europe, donnant son nom au Rocher.
Quoi qu’il en soit, d’autres “locataires” du lieu se sont  finalement imposés : les singes, j'ai nommé les Magots de Gibraltar.

2. La planète-rocher des singes

Il semble que ces occupants revendiquent également ce territoire, où ils demeurent incontournables, faisant fi des disputes humaines. Le Macaque berbère (Barbary Macaque en anglais) est le seul singe que l’on trouve à l’état sauvage en Europe, uniquement sur le Rocher de Gibraltar : ils y sont environ 200.
Il ne s’agit plus d’un peuplement naturel, mais d’une population maintenue artificiellement. Les singes actuels descendent quasi exclusivement de macaques berbères importés d’Algérie et du Maroc par les Anglais en 1942, afin de repeupler la colonie initiale qui ne comptait plus que quelques individus à l’époque !
Selon la croyance populaire, Gibraltar allait demeurer sous l'autorité britannique tant que des magots existeraient sur ce territoire. C'est pourquoi, en 1942, la population de magots étant tombée à quatre individus à cause d'une maladie, le premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, ordonna de la reconstituer sur-le-champ en puisant dans les fragments de forêt du Maroc et de l'Algérie.
 

Dans son Historia de la Muy Noble y Más Leal Ciudad de Gibraltar (Histoire de la ville très noble et très loyale de Gibraltar), écrite de 1605 à 1610, Alonso Hernández del Portillo, premier chroniqueur de Gibraltar, écrit :
« Mais passons à d'autres productions vivantes qui, malgré l'aspérité du Rocher et les propriétaires de ce dernier, restent encore dans la montagne. Il s'agit des singes, que l'on peut appeler les vrais propriétaires, qui le sont depuis un temps immémorial […] vivant pour la plupart sur le côté est, sur des falaises hautes et inaccessibles... Ni les incursions des Maures, des Espagnols ou des Anglais, ni leurs coups de canon, ni leurs bombes n'ont suffi à les déloger. »
 

Divers témoignages écrits valident une présence de ces singes  déjà au XVIIè ou XVIIIè siècle. Diverses hypothèses s’affrontent quant à leur origine. Certains supposent qu’ils avaient été apportés par les Maures, durant la conquête musulmane de la péninsule ibérique (à partir du VIIIè siècle). D’autres pensent qu’ils étaient en Europe depuis des millions d’années !
 
Les macaques de Gibraltar constituent évidemment une attraction touristique incontournable dans ce petit territoire britannique au sud de l’Espagne. Même si les incursions des singes dans la ville sont parfois dommageables pour les riverains : il est aujourd’hui formellement interdit de nourrir les macaques.

A suivre... : la vocation militaire du rocher.
 
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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Vendredi 10 Octobre 2014 à 06:47 | Lu 637 fois