Les Hobbits de Liang Bua

Du nouveau sur les Hobbits : Paléontologie en Indonésie


Malgré la distance, je ne perds pas le fil avec ma radio préférée et notamment avec Jean-Claude Ameisen (Sur les épaules de Darwin). Je l’enregistre vite fait bien fait et file au fond de ma grotte de pécheurs pour découvrir l’histoire de la dame de Florès qui a vécu dans une « caverne froide (Liang Pua) sur l’île de Florès, en Indonésie, il y a …environ 50 000 ans !
Tolkien, (vous savez JRR) serait content : c’était une Hobbit, une vraie de vraie!
Allez je vous raconte.


Le cadre

Florès est une des  îles Wallacean, en Indonésie. D’origine volcanique, sa particularité est de ne jamais avoir été reliée ni au continent asiatique, ni au continent australien. Cette séparation a considérablement limité la capacité des espèces animales à se développer sur son territoire. Au Pleistocène, mammifères et reptiles ont connu leurs heures de gloire : il y avait là des dragons Komodos, (pas commodes du tout) et  des Stegodon (parents proches des éléphants. Il y a 12 et 8 000 ans, deux éruptions volcaniques ont recouvert le sol de la caverne de limons que les équipes d’archéologues se sont mis à creuser.
Dans ces îles vivaient des hommes des cavernes dont on a retrouvé nombre d’outils, attestant de leur présence, vivant de la chasse aux bestiaux sus nommés qui ne devaient pas en mener large, aux vues des restes de ripailles reconstituées, grâce aux talents d’archéologues et de paléontologues confirmés.
Quelques grottes ont retenu l’attention de nos chercheurs, grottes naturelles, bien entendu qui abritaient les populations locales : la caverne froide de Liang Pua ( 50 m de profondeur, 20 m de hauteur) mais aussi celles du Bassin de Soa et de Mata Menge.
 

Les personnages ( les chefs d’équipe seulement)

Le Père Theodor Verhoeven d’origine néerlandaise, qui a vécu et travaillé dès les années 50 à Florès. Liang Pua abritait alors une école, à l’intérieur de la grotte. Passionné d’archéologie, il découvrit dans la grotte excavée les premiers outils, mais resta impuissant à pouvoir les dater correctement.
Le professeur Raden Soejono, grand archéologue indonésien et l’un de ses collègues Wahyu Saptomo qui vont mener un certain nombre d’expéditions et découvrir … un crâne à 5m90 de profondeur.
Le Docteur Mike Morwood, co-chef du projet, archéologue multidisciplinaire (auteur d’un travail important sur l’Art rupestre, « Visions du passé: l'archéologie de l'art aborigène»). Ce spécialiste réputé va réunir autour de lui nombre de sommités pour conduire l’enquête qui va démarrer véritablement en 2003.

L’intrigue (ou le mystère)

Est-ce-que l’homme de Florès, était un « Hobbit », un homme atteint de nanisme? les experts s’orientent plutôt vers des conditions de vies (absence de grands prédateurs, et régime alimentaire réduit) qui pourraient expliquer ce phénomène typiquement insulaire.
Quand a-t-il vécu : il y a  18 000, 50 000 ou 178 000 ans ? Comment le situer sur l’échelle du temps et celui de l’évolution humaine ? Est-ce une catégorie spécifique ?
 

Le dénouement

Inutile de vous dire que l’enquête dura plus de quinze ans et qu’elle a connu un certain nombre de rebondissements, depuis la date de la découverte de ce tout petit crâne (on pensait à celui d’un enfant), puis du squelette (on s’aperçut qu’il s’agissait d’un adulte) le 6 septembre 2003. Nombre d’articles et de thèses s’affrontèrent, pendant que les recherches continuaient, réunissant des scientifiques de tout bord.
Des projets de recherche multinationaux plus récents ont identifié les interactions entre l'activité humaine, l'environnement local, les climats et les faunes insulaires dans les changements à long terme en Indonésie. 
Liang Bua est réputée pour avoir été utilisé par les premiers humains pendant environ 800 000 ans (établi par Morwood au début de sa carrière), mais le crâne a été trouvé dans une couche de sédiments remontant à seulement environ 18 000 ans. 
L’Homme de Florès ou Homo floresiensis est le représentant d’une espèce disparue de l’ordre des primates de la famille des hominidés, d’une taille moyenne comprise entre 1 et 1m10. L’exploration  rigoureuse du site en février 2016, (3 ans après la mort de Mike Morwood)  affirme que l’Homme de Florès, membre d’une lignée d’hominiens aujourd’hui disparus, est datée de 100 à 60 000 ans et les outils remontent à une période allant de 190 000 à 50 000.
 
« La découverte de l'espèce ... est saluée comme l'une des plus importantes en un siècle dans l'étude des origines humaines. Jusqu'à présent, on pensait que nos seuls cousins récents étaient les Néandertaliens en Europe, qui sont morts il y a environ 30 000 ans ...
'' L’Homo floresiensis , c'est la plus petite espèce humaine jamais mis à jour, depuis que les restes de Néanderthal ont été trouvés dans les années 1800 ».
S’agit-t-il de descendants avec des spécificités propres, des homo erectus ? ou une variété particulière avec ce qu’on appelle l’effet fondateur (diffusion d’une mutation génétique)… ?
D’où vient-il ? d’Afrique, d’Asie… questions encore sans réponses… qui attendent de nouveaux chercheurs:
 
Si vous voulez tout savoir…
https://www.franceinter.fr/emissions/sur-les-epaules-de-darwin/sur-les-epaules-de-darwin-04-mars-2017


Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Lundi 6 Mars 2017 à 19:23 | Lu 468 fois