Les Champs Phlégréens, mythes et réalité (2)

Ouvrage de référence


Suite et fin du sujet tiré de "20 000 lieux sous la terre" consacrée aux Champs Phlégréens, une zone située non loin de Naples, riches de nombreux vestiges souterrains... "aux portes de l'enfer".


Les cryptae

La géologie a permis le creusement de galeries destinées à faciliter le réseau routier. Citons l'auteur du texte, Luca Ortelli:

Les cryptae représentent un élément fondamental dans le réseau routier de la région, constituant un système d’exploitation territorial particulièrement efficace à des fins militaires. La morphologie tourmentée est contrebalancée par la nature géologique des sites et par les caractères physiques du tuf (tufo giallo napoletano) qui le rendent facile à travailler.

Ce concours de circonstances a favorisé la multiplication des galeries souterraines, dont les plus connues sont  la Crypta neapolitana et la Grotta di Cocceius.  

La Crypta neapolitana est un tunnel creusé sous la colline à proximité de Pausilippe, faisant partie de la via Puteolana qui mettait en communication la ville de Naples et celle de Pouzzoles. Montesquieu la parcourut en avril 1729, en en donnant la description suivante : 
« Pour la commodité du voyageur on passe cette grotte souterraine, qui prend le jour de l’entrée et de la sortie de la montagne. Il y a des espaces pour les charrettes qui vont, et celles qui viennent, et cela est très commode. La grotte est plus haute dans les bouts pour prendre la lumière plus haut. En quelques endroits de la montagne, on a percé en haut. » ( extraits des « Voyages » de Montesquieu).

La Crypta neapolitana, réalisée à l’époque augustéenne, pour relier Naples et Pouzzoles, mesure 700 mètres de longueur. Elle a ensuite subi de nombreuses modifications et creusements pour en faciliter l’accès.

La galerie qui porte le nom de Grotta di Cocceius, réalisée sous Agrippa, entre la ville de Cumes et le lac Averne, mesure presque 1 km de longueur. En relation directe avec une autre galerie de 180 m excavée au-dessous du mont de Cumes et aussi attribuée à Cocceius, elle permettait de relier le lac Averne et la mer.
 

Un paysage romantique

D’autres réalisations souterraines comme l’antre de la Sybille, l’amphithéâtre de Pouzolles et plusieurs établissement thermaux, ainsi que de nombreuses citernes ont été excavées dans les Champs Phlégréens.
La Sybille de Cumes apparaît notamment dans la légende d'Enée (celui-ci la consulte avant sa descente aux Enfers). La description du  tombeau de ce célèbre oracle fera l'objet d'un prochain article...
La Piscina mirabilis, près du port de Misène,  est l'une des citernes les plus spectaculaires des Champs Phlégréens, et fera aussi l’objet d’un autre article…

Ces lieux chargés de mythologie et d'Histoire ont attiré les voyageurs romantiques et les poètes et  inspiré Goethe et Mme de Staël. Celle-ci, dans « Corinne ou l’Italie » décrit ainsi ces paysages inspirant les muses :
« Si vous frappez sur ce sol, la voûte souterraine retentit. On dirait que le monde habité n’est plus qu’une surface prête à s’entrouvrir.[…] Les monts furent creusés pour en arracher des colonnes, et les maîtres du monde [les Romains], esclaves à leur tour, asservirent la nature pour se consoler d’être asservis. ».
 

Les Champs Phlégréens, mythes et réalité (2)
A lire absolument :
« Vingt mille lieux sous les terres, espaces publics souterrains »
Sous la direction de Pierre von Meiss et Florinel Radu
Editions : Presses polytechniques et universitaires romandes
 
L.T.


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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Dimanche 9 Novembre 2014 à 20:00 | Lu 447 fois