Le G-SCAN

Le Japon souterrain (3)


Une gigantesque infrastructure a été construite près de Tokyo pour évacuer les surplus d’eau lors des crues. Sa construction a représenté un défi technique. Cette architecture monumentale à faire pâlir quelques architectes abrite un gigantesque système anti-inondation.
Après une incursion dans le passé (Tamagawa Daishi), nous nous sommes immergés dans le sous-sol de la région de Tokyo où se cache le G-Cans, connu aussi sous le nom impossible de Metropolitan Area Outer Underground Discharge Channel.


Le canal de décharge souterrain (Metropolitan Area Outer Underground Discharge Channel) extérieur de la zone métropolitaine est le plus grand fleuve souterrain du monde qui utilise la technologie d'ingénierie de pointe du Japon. L'installation est située dans une zone où des catastrophes naturelles telles que les typhons conduiraient souvent à des inondations au niveau du sol. Ainsi les inondations provoquaient régulièrement des gros dégâts dans la région de Saitama. Entre 1982 et 1996, à cinq reprises, des milliers, voire des dizaines de milliers d’habitations ont été inondées par les crues en raison des typhons et des tempêtes. La topographie des lieux est comparable à une cuve où l’eau des pluies s’accumule. De surcroît, l’urbanisation galopante a accentué les risques d’inondation. Contrairement aux rizières, les habitations ne permettent plus à l’eau des pluies de s’écouler facilement dans les sols.
Cette structure a été construite afin de prévenir les débordements des rivières de petites et moyennes tailles telles que la rivière Naka, la rivière Kuramà tsu et la rivière Otoshifuritone. L'eau en excès est ensuite rejetée dans la rivière Edo après avoir parcouru les 6.3km du tunnel à 50 mètres sous terre.
 
 

Le G-Cans est un projet d'infrastructure hydraulique et relie Kasukabe à Saitama. Le défi consistait, lors de précipitations extrêmes, à récolter le surplus d’eau de plusieurs rivières afin de la transférer dans le fleuve Edo-gawa. «La construction de G-Cans a constitué un challenge à tous les niveaux, car ce type d’infrastructure n’existait nulle part ailleurs. Nous avons dû construire un tunnel de plus de dix mètres de diamètre (ndlr.: le diamètre des voies du Gothard mesure entre 8 et 9 mètres) et de 6,3 kilomètres de long à une profondeur de 50 mètres, ce qui n’avait été jamais fait auparavant. Une foreuse spéciale munie d’un bouclier pour la protéger a ainsi dû être construite pour le creusement de ce tunnel», explique Eiichi Oosu, responsable de G-Cans.
 
 

La visite dure 50 minutes et commence par une illustration expliquant la structure et les fonctions de l'installation. Ensuite, nous pouvons observer la structure du réservoir d'eau souterrain en descendant environ 100 marches en bas des escaliers.
Cet immense espace souterrain mesure 78 mètres de large et 177 mètres de profondeur. Les 59 piliers, hauts de 18 mètres et pesant chacun 500 tonnes, soutiennent le plafond de ce vétitable temple souterrain.
L’espace immense soutenu d’énormes piliers ressemble à un temple futuriste sorti tout droit d’un film de science-fiction. En réalité, nous sommes dans le conteneur géant d’un immense réseau de régulation du surplus des eaux de surface, placé sous l’autorité du ministère du Territoire, des Infrastructures et des Transports, destiné à contrôler les inondations dues aux crues dans la région métropolitaine. Il s’agit du plus grand système souterrain de contrôle des inondations du monde. En service depuis déjà 10 ans, il a déjà été mis en eau plus d’une centaine de fois, réduisant de façon drastique l’impact des typhons et des fortes chutes de pluie dans la région de Tokyo.
 
 

En cas de nécessité, le tunnel peut déverser jusqu’à 200 m3 d’eau par seconde dans le fleuve Edo-gawa, soit l’équivalent d’une piscine de 25 mètres. Pour le pompage et le rejet de l’eau, une turbine d’une puissance de 14 000 chevaux, soit 20 moteurs de Formule 1, ainsi que 78 pompes ont été construites.
 

Signe de succès: Le système anti-inondation intéresse l’étranger. Des experts de Thaïlande et de Singapour se sont rendus au Japon pour l’étudier. «Les pays qui n’ont pas assez de place pour construire en surface, souvent en raison d’une forte urbanisation, sont les plus intéressés par notre technologie de prévention des inondations», conclut Eiichi Oosu.
 
 

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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Dimanche 19 Janvier 2020 à 09:10 | Lu 751 fois