Lascaux 3 à Paris

Le site du Parc des expos est certes approprié à la reconstitution de grands décors mais il n’attire pas la foule qui se rend Porte de Versailles pour la foire de Paris ou le Salon de l’agriculture. C’est un peu dommage car le lieu à vocation culturelle ne donne pas la caution culturelle d'un grand musée à cette exposition. Celle-ci est pourtant très intéressante, même si la partie reconstitution est relativement limitée.
Les informations sur la découverte du site sont très intéressantes : elles racontent le destin de 4 jeunes garçons qui ont découvert par hasard le site pendant la 2^ème guerre mondiale. Ils font part de leur découverte phénoménale à leur ancien instituteur qui lui-même fera appel au célèbre paléontologue l’abbé Breuil. Les garçons campent dans la forêt près de l’entrée du site jusqu’à l’installation d’une porte blindée.
Le public déferle dans la grotte aménagée  à partir de 1948  jusqu’à la fermeture imposée par André Malraux, ministre de la culture du Général de Gaulle en 1963. En effet, les fresques sont attaquées par des microorganismes variés. La construction du facsimile Lascaux 2 reconstitue certaines des grottes désormais retournées dans la pénombre des origines.
 

L’expo Lascaux 3 reconstitue la frise des cerfs et s’interroge sur ces 5 têtes de cervidés : s’agit-il de 5 cerfs différents  traversant une rivière ou bien, comme une BD,  s'agit-il de 5 représentations du même cerf en mouvement ? Des images numériques et un travail sur la lumière offrent différentes interprétations de cette fresque.
Le panneau de la vache noire est aussi un inédit non visible à  Lascaux 2. L’éclairage à la lumière noire permet de déceler des animaux gravés sur la roche mais non colorés par des aplats de couleur et donc plus difficilement visibles à l’œil nu. Des symboles géométriques sous les sabots de la vache conservent leurs mystère chamanique.
Le panneau dit des bisons adossés est aussi une nouveauté de cette reconstitution et montre une fraîcheur de contrastes de  couleurs incroyable.
Mais la scène la plus célèbre qu’on peut découvrir ici est la scène du puits : situé à 6m de profondeur et probablement uniquement accessible à l’époque par les chamanes, on y trouve la seule représentation humaine du site de Lascaux : un homme reconnaissable à ses mains avec une tête d’oiseau et le sexe dressé est allongé près d’un taureau. Plus tard, un rhinocéros laineux a été ajouté à la fresque.
Les interprétations des paléontologues qui se sont succédé au chevet de l’homme à tête d’oiseau n’ont pas permis d’élucider ce mystère de 20.000 ans d’âge.

Parmi les animations numériques et les films 3D de l’exposition, j’ai apprécié la  présentation du classeur numérique des calques des 117m² de relevés effectués par André Glory, soit près de 1500 figures animalières ou des signes. Ces calques offrent des images au trait artistique remarquable, parfois d’une grande modernité par son épure.
A la fin de l’exposition, une autre animation fait parler ceux qui ont travaillé ou ont dédié leur vie aux grottes de Lascaux : Monique Peytral, artiste peintre, en  charge de reproduire les fresques de  Lascaux 2, raconte ses rêves chamaniques ; des paléontologues, philosophes, conservateurs s’expriment  avec leur point de vue respectif. Passionnant !
Enfin, des vitrines présentent des outils et ustensiles qui ont permis de peindre les grottes ornées ( récipients à huile, pinceaux… ) , ainsi que des accessoires de cérémonie trouvées sur le site ( colliers de coquillage).
 On apprend aussi qu’un Lascaux 4 ouvrira ses portes près du site original en 2016 et présentera l’ensemble des fresques de  la grotte. A suivre…
 
En attendant, allez faire un petit tour du côté de la Grotte Chauvet « 2 » en Ardèche.
 
L.T.