La Baume, Sivergues, Luberon

Voyage initiatique en abri sous roche


Non, nous ne sommes ni à « Mesa Verde » (Colorado), ni à Goreme, (Cappadoce). Mais les puissantes falaises de calcaire qui ornent le Luberon y font étrangement penser. Je me surprends à imaginer la présence de quelque tribu indienne, nichée au cœur de la falaise dans un abri sous roche… Mais si l’on est éloigné du relief américain ou turc, il n’en reste pas moins que le vieux réflexe préhistorien a laissé quelques traces identiques, au-delà des frontières. Refuge me vient immédiatement à l’esprit.
Après une vingtaine de minutes de marche au fond de cette combe, nous pénétrons notre « sweet home » le temps de deux lunes. La Baume de Sivergues nous offre le gîte et le couvert avec en prime, le sourire d’Estelle, propriétaire des lieux.


Sivergues domine la falaise de 595m d’altitude dans le massif du Luberon. « C’est bougrement perché Sivergues et perdu au diable ! » déclarait Henri Bosco, l’enfant vénéré de ce pays Vaudois. Pour rejoindre notre abri, il nous faut descendre au fond de la combe, enchassée dans une végétation printanière, fréquentée par quelques sangliers, moutons et chèvres capricieuses.

Nous arpentons cet abri de pierres sèches monté à l’aplomb de la falaise, dans la partie creusée la plus profonde : une grande pièce, coin cuisine et salon organisé autour d’un poêle à bois rivalise d’ensoleillement avec une chambre spacieuse. L’isolement voulu n’empêche pas le Dieu Internet d’officier quand bon nous semblera. Quelques câbles ombilicaux descendent discrètement le long de la paroi et distillent du sommet du plateau, eau, électricité, téléphone garanti. Pour le reste, égosillez à claire voix : vous interromprez les oiseaux nichés dans la végétation qui cerne une large terrasse ouverte de ce « p’tit coin de paradis ».

Plusieurs sites ravivent cet habitat particulier, disséminé dans les combes de Provence et relèvent d’un lointain passé. Les études menées par quelques spécialistes permettent de le classer en deux parties. Une première correspond au creusement par l’homme d’abris rupestres, à vocation d’habitat et à usage agricole. La seconde est liée à l'occupation des grottes naturelles creusées par l'érosion dans le calcaire urgonien * et leur protection en façade par des murs de pierres sèches. Cette utilisation, quelque fois pérenne, fut le plus souvent due au pastoralisme, et au besoin des bergers d'abriter et de loger leurs troupeaux.

La famille d’Estelle s’est organisée à la suite de l’initiative de la grand-mère de restaurer les maisons vétustes familiales, au temps de la guerre et de l’occupation, sûre de s’y retrouver et de pouvoir subsister dans une période de trouble et de privations : refuge, instinctif.
Depuis, les bâtiments reconstruits en pierres sèches ont permis de développer une structure d’accueil touristique autour de l’Auberge des Seguins, gérée par la sœur d’Estelle. Aujourd’hui le site est devenu le point de rendez-vous obligé pour randonneurs, alpinistes en tout genre et… Trogs en goguette.

Notes :
 
L'urgonien est un faciès sédimentaire calcaire du crétacé, très abondant dans les chaînons subalpins et le sud-est de la France. Il est caractérisé par sa teinte très claire, souvent blanche. Sa solidité et sa couleur blanche en font une pierre très employée dans le bâtiment.
 
Les Trogs vous conseillent : La Baume, Estelle PESSEMESSE, estelle.pessemesse@gmail.com
06 08 16 38 94
 
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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mercredi 19 Avril 2017 à 13:37 | Lu 675 fois