Du trait à la plume
Il semblerait que l’on ait retrouvé le plus ancien dessin conservé, le portrait d’une femme datant de 1931. Jules a dix neuf ans. L’œil est réaliste, le sentiment est là.
Vient l’après-guerre, il intensifie sa production graphique et sa production plastique devient protéiforme. C’est la période ou il rencontre Dubuffet, Chaissac…et nombre d’écrivains prolétariens. Jules Mougin s’adonne à toutes les expériences. Les vagues créatrices se succèdent et Jules fait feu de tout bois : le support papier, calepins de bazar, cahiers d’écolier, buvards, branches mortes, la roche, tout est bon pour le jaillissement spontané de la création. L’art brut. Mougin crée, Mougin donne, Mougin nous offre 70 ans de création.
La spontanéité est son mot d’ordre. Dans ses œuvres, il n’y a jamais de surplus. Chaque technique et chaque matériau apportent leur « petit plus ». Mougin s’inspire de la vie, de sa vie.
Tout naturellement, autant d’œuvres de la part d’un artiste provoquent sa renommée, ce dont il ne voulait évidemment pas.
Pour lui, l’Art n’était en aucun cas un travail. Si quelques-unes de ses œuvres lui étaient très chères, il n’omettait pas de céder les autres à ses plus proches amis. Il ne lui est jamais venu à l’esprit de créer une œuvre pour accéder au Panthéon … Et c’est d’ailleurs ceci qui le rend différent des autres. Lui, il était libre.
Seule une centaine de pages ont été éditées. Et Mougin n’y est pas pour rien.
Repères bibliographiques
Dans certains de ses récits, il nous narre son enfance très modeste du vingtième siècle. Il vivait avec sa sœur et ses parents. Ils habitaient près de l’usine, là où son père travaillait. Tous les jours ils rêvaient d’un lendemain meilleur. Mais en 1922, son père meurt de la tuberculose. Il n’a jamais accepté « la déplorable habitude de l’Homme à laisser vivre un individu dans des conditions aussi insalubres ».
Après la mort de son père, sa mère s’installe avec ses enfants à Paris. La misère est la même partout.
En 1926, à treize ans, Jules Mougin entre dans la vie professionnelle. Il est alors postier. Après sa collaboration avec Morel, l’intéressé retourne à ses premiers amours : des textes courts. L’éditeur a produit les plus beaux livres de Jules Mougin, 143 poèmes, lettres et cartes postales, La grande Halourde et Mal de coeur entre 1960 et 1962. les publications sont aléatoires. La parution de « Magma » en 1985 réveille les lecteurs. C’est à ce moment là que l’on se rend compte que tous les écrits de Mougin sur les supports tous aussi différents les uns des autres, sont en eux même des œuvres plastiques.
Des milliers de pages n’ont jamais été publiées. Des cartons remplis de notes et de graphiques demeurent intacts. Il reste certainement beaucoup à faire pour que Mougin soit reconnu, lu par un plus grand nombre. Tout un continent demeure encore inexploré et mériterait d’être mis à jour.
nous remerçions JOSEPH TRECHNIEWSKI, l'auteur des photos de nous avoir pemis de les publier.