L’empreinte du passé

Grottes naturelles, creusées, refuges, habitat creusé et « appareillé », Matera a tout éprouvé depuis le néolithique (1). Elle serait la "révérende" mère des sites préhistoriques et a subi les influences d’envahisseurs successifs. Les Grecs et les Romains (prolongement de la via Appia) se sont croisés sur les routes commerciales. Vint la domination normande, marquée par la construction du château et des remparts : la population croissante s’organise autour de la Civita (le centre de la cité), contraine d’occuper deux amphithéâtres naturels, le « sasso caveoso » et le « Sasso Barisano ». Le développement démographique se poursuit malgré la domination espagnole : cette dernière impose ses priorités artistiques, dénigre les sassi qui abritent une population de plus en plus pauvre, qui occupe les lieux « par défaut ».
Les premières citernes, tombes souterraines, maisons rupestres (qui ouvraient sur une cour centrale (jazzi), apparaissent à l’âge de bronze.
La plus ancienne forme de maison est une grotte creusée dans le « tuf », fermée par un mur monté avec les blocs extraits de l’intérieur. Vint ensuite l’adjonction d’une salle voûtée (lamione) construite dans l’espace ouvert. Les maisons groupées autour de cours communes donnèrent naissance à la structure sociale du « vicinato ». Ainsi les habitants créèrent nombre d’installations communes dont les citernes. Remarquablement gérée, l’eau descendait par la seule loi de la gravité par des rigoles remplir les citernes.
Avec la croissance de la ville, les maisons rupestres escaladèrent la colline développant les « paso de mula » (escaliers larges à marches plates pour les ânes). Dans nombre de cas les toits des maisons servirent de rues à celles du dessous.
(1) Les premiers villages se développent après la première période glaciaire, avec une économie agricole, bouleversée par la déforestation (érosion, difficulté de gestion des eaux, invasion de la garrigue et du maquis. On passe à la transhumance pastorale. Le plateau argileux au-dessus de la ville est réservé à l’agriculture et l’économie pastorale.
Les premières citernes, tombes souterraines, maisons rupestres (qui ouvraient sur une cour centrale (jazzi), apparaissent à l’âge de bronze.
La plus ancienne forme de maison est une grotte creusée dans le « tuf », fermée par un mur monté avec les blocs extraits de l’intérieur. Vint ensuite l’adjonction d’une salle voûtée (lamione) construite dans l’espace ouvert. Les maisons groupées autour de cours communes donnèrent naissance à la structure sociale du « vicinato ». Ainsi les habitants créèrent nombre d’installations communes dont les citernes. Remarquablement gérée, l’eau descendait par la seule loi de la gravité par des rigoles remplir les citernes.
Avec la croissance de la ville, les maisons rupestres escaladèrent la colline développant les « paso de mula » (escaliers larges à marches plates pour les ânes). Dans nombre de cas les toits des maisons servirent de rues à celles du dessous.
(1) Les premiers villages se développent après la première période glaciaire, avec une économie agricole, bouleversée par la déforestation (érosion, difficulté de gestion des eaux, invasion de la garrigue et du maquis. On passe à la transhumance pastorale. Le plateau argileux au-dessus de la ville est réservé à l’agriculture et l’économie pastorale.
« l’enfer de Dante »

Toute cette gestion de l’espace et l’eau va être remise en question à partir du 19ème siècle : la modernité va faire disparaître le système plus que millénaire mis en place. Le développement urbain s'impose (comblement des cours de drainage transformés en routes). Carlo Lévi dans « Le christ s’est arrêté à Eboli » raconte : « C'est ainsi qu'à l'école nous nous représentions l'enfer de Dante ( ... ) J'apercevais l'intérieur des grottes, qui ne voient le jour et ne reçoivent l'air que par la porte. Certaines n'en ont même pas, on y entre par le haut, au moyen de trappes et d'échelles. Dans ces trous sombres, entre les murs de terre, je voyais les lits, le pauvre mobilier, les hardes étendues . Sur le plancher étaient allongés les chiens, les brebis, les chèvres, les cochons. Chaque famille n'a en général qu'une seule de ces grottes pour toute habitation et ils y dorment tous ensemble, hommes, femmes, enfants et bêtes. Vingt mille personnes vivent ainsi ( ... ). Je n'ai jamais eu une telle vision de misère (... ). J'ai vu des enfants assis sur le seuil de leur maison, dans la saleté, sous le soleil, les yeux mi-clos et les paupières rouges et enflées ".
Les conditions d’hygiène se détériorent et conduisent le gouvernement à évacuer 3000 maisons dont 1641 ont été jugées « troglodytiques » ! La ville nouvelle se hisse fièrement autour des sassi délabrés. Elle accueille actuellement à plus de 50 000 habitants.
Les conditions d’hygiène se détériorent et conduisent le gouvernement à évacuer 3000 maisons dont 1641 ont été jugées « troglodytiques » ! La ville nouvelle se hisse fièrement autour des sassi délabrés. Elle accueille actuellement à plus de 50 000 habitants.
Le grand tournant

Suit le sentiment de honte nationale et collective, combattu par quelques-uns et par quelques associations particulièrement dynamiques qui participèrent activement à la réhabilitation des deux sassi. Avec la loi n°771, c’est le grand tournant qui s’annonce : il est prévu d’agir pour « la conservation et la récupération de l’architecture » et pour la réhabilitation des maisons grottes à usage d’habitat, à vocation commerciale ou culturelle.
Près de 40 ans seront nécessaires pour que l’idée de réhabilitation se concétise. L’idée est de faire revivre les sassi. En 1993, l’Unesco décide d’inscrire la ville sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité : « ce parc naturel et archéologique a acquis une valeur universelle exceptionnelle, résultant de la symbiose entre les caractéristiques culturelles et naturelles »
Aujourd’hui, la métamorphose s’opère partout, magasins d’alimentation, bureaux d’informatiques, hotêls « diffus »… Quelques- uns donnent l’exemple : ainsi Pietro Laureano auteur de « gardi di pietri » avec sa propre demeure et son cabinet d’architecte.
Pour l’heure, l’Etat italien participe à hauteur de 50% au financement de tous les travaux de restauration. 2000 sur les 7000 habitants prévus ont déjà réintégré l’ancienne ville.
Et depuis deux ans… les cours de l’immobilier continuent de grimper dans les sassi.
Près de 40 ans seront nécessaires pour que l’idée de réhabilitation se concétise. L’idée est de faire revivre les sassi. En 1993, l’Unesco décide d’inscrire la ville sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité : « ce parc naturel et archéologique a acquis une valeur universelle exceptionnelle, résultant de la symbiose entre les caractéristiques culturelles et naturelles »
Aujourd’hui, la métamorphose s’opère partout, magasins d’alimentation, bureaux d’informatiques, hotêls « diffus »… Quelques- uns donnent l’exemple : ainsi Pietro Laureano auteur de « gardi di pietri » avec sa propre demeure et son cabinet d’architecte.
Pour l’heure, l’Etat italien participe à hauteur de 50% au financement de tous les travaux de restauration. 2000 sur les 7000 habitants prévus ont déjà réintégré l’ancienne ville.
Et depuis deux ans… les cours de l’immobilier continuent de grimper dans les sassi.