Guadix, troglodytes et chorizo


A la différence de certaines habitations creusées très « formatées », comme les tunnels de Santorin ou les yaodongs alignés le long des coteaux du Fleuve Jaune, les cuevas de Guadix laissent place à la fantaisie du Picador et à celle du Créateur. Se lovant au creux des aspérités du terrain, ou dominant la ville autour de cônes d’argile, elles s’élèvent comme autant de miradors ou de nids suspendus au-dessus de la vallée d’alluvions millénaires.


Une maison comme une chapelle

le plan de la cueva des Amandiers de Maryse et Fabrice, où nous sommes chaleureusement accueillis par Pepe, pour notre séjour à Guadix.
le plan de la cueva des Amandiers de Maryse et Fabrice, où nous sommes chaleureusement accueillis par Pepe, pour notre séjour à Guadix.
La façade de la cueva, comme l’intérieur, est enduite de chaux blanche, la Cal. S’il y avait une forme qui définit les volumes de la cueva, ce serait celle d’une petite église : on pénètre directement dans la nef  au plafond doucement pentu, comme une toile de tente qui serait mal tendue.  Le plafond est cependant voûté dans les restaurations récentes, faites à l’aide de cintres de briques. Le ciel de certaines pièces est parfois coloré d’ocre, de vert ou de bleu. La maison se développe latéralement en croix, de part et d’autre, et se prolonge au  fond par le cœur, puis par l’abside, parfois désaxée. Les dormitorios sont plutôt dans les caves du  fond de l’habitation. Parfois, des creusements obliques viennent agrandir le volume de la maison et s’enfoncent plus profondément dans le rocher ou prolongent la cueva en demi -cercle, enrobant le promontoire rocheux de son manteau blanc. Cette configuration permet d’accroître le nombre d’ouvertures vers l’extérieur et de laisser la lumière pénétrer par diverses directions.

A l’abri de la chaleur et du froid

La façade de la cueva des Amandiers, à la lisière de la ville, en haut du barrio de las cuevas.
La façade de la cueva des Amandiers, à la lisière de la ville, en haut du barrio de las cuevas.
Les plafonds sont trapus : 3 mètres environ au point le plus haut de chaque pièce, et les passages entre les chambres font  80 cm à 1m  d’épaisseur. Des alcôves et des étagères sont creusées un peu partout. Chaque maison dispose d’une cour ou d’une terrasse et d’une cheminée en forme de champignon, comme sculptée dans l’argile, badigeonnée de chaux. Les toits sont enherbés et l’on peut s’y promener d’une maison à l’autre. Ici, point de grands espaces : la cueva  andalouse est intime, accueillante et rafraîchissante par grande chaleur, 18 à 20° toute l’année. Elle protège aussi du froid, car il gèle ici en hiver. Nous sommes à 900m d’altitude, au pied du versant nord de la Sierre Nevada.

Rencontre avec les voisins

Rencontre avec les voisins
Rencontre avec les voisins
Si vous ouvrez l’œil dans ce dédale de ruelles, vous rencontrerez le courageux Tati en train de restaurer sa cave familiale, subventionnée « par ses deux bras » (dixit), pour en faire un gîte rural. Vous croiserez des enfants gitans à dos d’âne, vous provoquant crânement en baissant leur pantalon pour vous montrer leurs fesses, avant de se sauver en riant.  Enfin,  la voisine Lolli vous expliquera  la  fabrication artisanale du chorizo : 37 kilos, rien que çà !à base de  porc pimenté et de pommes de terre. Et si vous essayez de lui acheter de la saucisse qui n’est pas à vendre, elle vous proposera même une tapia avec une canette de bière : de la viande hachée sautée avec une tranche de pain… Après toutes ces émotions, viendra l’heure bien méritée de la siesta…


Lady Trog


Rédigé par Renée Frank le Mardi 3 Janvier 2012 à 16:44 | Lu 985 fois




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