Gorafe...

Nous quittons Guadix, direction Gorafe, une demi heure de route. Dès que nous laissons derrière nous la ville, la vaste plaine bordée par la Sierra Nevada étale sa monotonie hivernale sous un ciel bleu acier 20kms durant, nous traversons un rio (à sec) niché au fond d’une vallée et nous bifurquons à gauche en direction de notre but. Ce n’est qu’au dernier moment que nous réalisons que nous sommes sur un plateau : brusquement, c’est une avalanche de virages qui nous précipitent quelques 7OO mètres plus bas avec un fort dénivelé. Les Apaches ne sont peut-être pas loin, ceux qui ont décidé de rester sur place après les tournages des films de Sergio Leone. Et oui, morphologiquement parlant, nous sommes dans le Grand Canyon du Colorado et sur les flancs des falaises ocres, on trouve le village de Gorafe (600 habitants), dont 90 % de la population vit en cuevas.
Gaurab, un oasis d’histoire et de culture

C’est l’ancien nom de Gorafe qui signifie « les chambres hautes ». Le village est établi à 855 mètres d’altitude et domine la vallée fluviale. Sur les parois rocheuses, les chambres hautes qui remontent au temps de la domination arabe. Car ne l’oublions pas, les cuevas ont été introduites par les Maures qui occupèrent l’Andalousie du 8ème au 12ème siècle. Autre signe d’une histoire millénaire, les quelques 200 dolmen et nécropoles disséminés dans la vallée qui attestent de la présence de villages 6 000 ans avant Jésus Christ, une des concentrations les plus importantes d’Europe. Un « muséo d’interpretacion del megalitismo », fraîchement ouvert vous entraînera à la découverte des sites, grâce à une projection en 3D.
Le charme discret d’un village andalou

Ici point d’esbroufe, point de vernis touristique. Gorafe profite, pour combien de temps encore, d’une quiétude millénaire : ce n’est pas un village où l’on passe, c’est un bout du monde, qui résiste à sa manière à la modernité. Tout le monde se connaît et quand la nuit tombe et enveloppe le village, seuls les aboiements des nombreux chiens trahissent la présence humaine blottie dans les cuevas. Cela, c’est en hiver. Mais en été, le village sait aussi garder son calme et sa tranquillité. Gorafe est aussi à l’ombre de Grenade.
La culture de l’olivier

Gorafe est cerné par les oliviers. Les « huertas » sont exploitées par les agriculteurs dont certains fabriquent eux-mêmes leur production d’huile. A une certaine époque, il y avait une huilerie artisanale en cave aujourd’hui désaffectée. Pour le reste, diverses cultures fruitières et maraîchères pour satisfaire aux besoins locaux sont pratiquées dans le lit de la vallée, et les céréales sont récoltées sur l’alti plano.
Gorafe, une perle nichée silencieusement dans le désert, attend votre visite même à l’heure de la sieste.
Gorafe, une perle nichée silencieusement dans le désert, attend votre visite même à l’heure de la sieste.