Escroc en troglo !


Parmi les églises rupestres de Matera, il en est une qui a bien sûr connu les vicissitudes du temps mais également celles d’un des plus grands prédateurs sur terre, l’homme. Il s’agit de la Vierge aux trois portes (“Madonna delle Tre Porte”), petit écrin précieux dorénavant sauvergardé au sein du Parco de la Murgia.


L’inspecteur Trog mène l’enquête

Escroc en troglo !
Il y a le pillage organisé, légalisé, étatisé : celui de la culture Dogon, celui de la Grèce, par exemple : où se trouve la fresque originale du fronton du Parthénon?... pas là où il devrait être.
Il y a le pillage à la petite semaine, je ne parle pas des dégradations portées sur les édifices, je parle de lieux  soumis à la technique du” prélèvement”, au burin en l'occurence. Ainsi dans cette belle cité de Matera.

Description des lieux du drame

Escroc en troglo !
Cheminez quelque peu avant d’atteindre une grotte  hérissée de barreaux… c’est qu’elle renferme quelques splendeurs surgies des temps passés, laminées par le temps et les prédateurs. Il ne reste que quelques voûteset chapelles, le reste a été emporté par des effondrements successifs. Quelques merveilleuses fresques sont encore visibles : “une Déisis représentant le Christ, la Vierge et Saint Jean Baptiste, et une représentation de la Vierge de la grenade, par Miglionico, le maître de la peinture à fresque lucanienne ( de Lucanie, c.a.d. du Basilicate) dans la seconde moitié du XVIe siècle.”… “Dans la nef, il y a une crucifixion, et sur ​​une paroi une belle Annonciation (XVe siècle) et une Madonne byzantyne (Kyriotissa) trônant avec l'enfant, du XIIIe siècle. En 1962, en raison de la négligence totale dans laquelle est laissée l'église (elle a été utilisé comme une bergerie), les fresques les plus intéressantes ont été détachées et volées par des assaillants inconnus”

Etat des lieux des victimes

Escroc en troglo !
Ça et là, les fresques sont “défigurées” avec des traces manifestes de décolement des parois… Ca et là, d’autres “emprunts" ont été réalisés. Le visage de la Madonne déjà auréolé par le travail de l'artiste, est désormais pourvu d’une deuxième auréole, celle-ci  réalisée au burin. Heureusement, l'escroc  n'a pas réussi à achever ici son crime.

L’ histoire

Escroc en troglo !
Dans les années 1960, ces sites “rupestres” étaient abandonnés par négligence aux bergers. Des assaillants ont “détaché" et volé quelques “portraits” inestimables.
Enquête : il semblerait qu'un professeur d’Allemand, prétendu archéologue, un certain Rudolf Kubesh, de passage à Matera, aidé de deux élèves, se soit laissé aller à cet emprunt manifeste. “Pour la petite histoire, souligne Lady Trog, il a découpé les visages de  St Jean Baptiste ou de la vierge dans plusieurs sites, dont l'église Madonna delle tre Porte. Il fut fort heureusement démasqué par un mégot de marque allemande laissé négligemment sur place : il n'y avait que 2 hôtels à Matera et il a été facile d'identifier l'escroc. Le malfrat avait été repéré car peu  d'étrangers à l'époque fréquentaient Matera. Les fresques ont été retrouvées à son domicile, dont l'une accrochée au-dessus de son lit.
24 fragments des fresques  des églises de Matera ont été ainsi dérobés. Mais Interpol veillait ainsi que le gouvernement italien.
Ce genre d'acte de malveillance a cependant contribué à une prise de conscience de la préciosité  
de ces oeuvres et de la nécessité de les protéger. Depuis, le lieu a été réaménagé : barreaux, visites accompagnées, fresques laissées à l’air libre, mais protégés des prédateurs…
 
Petit conseil de Mister Trog : vous pouvez photographier, sans flash (ce dernier altère la préservation des couleurs), ou faites comme moi dans certains cas, achetez des cartes postales…

 


Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mercredi 21 Mars 2012 à 05:33 | Lu 521 fois