Deep Time, de l'usage des grottes

De l'homme des cavernes à l'homme moderne


Du Paléolithique (environ de – 40.000 à – 9.500) jusqu'à notre époque, les grottes ont exercé une fascination et suscité des vocations nombreuses pour des raisons très variées : attrait artistique (art rupestre), curiosité et aventure (spéléo), science (paléontologie et disciplines associées), exploration de l'imaginaire. On navigue dans l'univers-temps en années lumières mais notre sous-sol, s'il reste impénétrable au-delà d'une faible profondeur, est aussi un champ d'expériences en écho avec l'univers, celui des planètes telles que Mars, ou encore de la lune. C'est une question de temps.
Quels sont les effets de l'absence de repères spatio-temporels pour l'organisme humain ? Sept femmes et sept hommes vont partir sur les traces du regretté géologue Michel Siffre qui avait séjourné deux mois en juillet 1962 dans le gouffre de Scarasson, en Italie : « Sous terre sans repère, c’est le cerveau qui crée le temps » racontait le le pionnier des expériences de confinement souterrain. Deep Time est à l'ordre du jour.


Le projet "Deep Time" : apprendre les liens entre nos cerveaux et le temps

Une année après le premier confinement en France, l'expédition vient de commencer. 
"La désorientation provoquée par les confinements dans le monde et les tentatives de projection à long terme de l'ensemble de la population mondiale, nous ont montré la complication de la saisie intellectuelle des paramètres multiformes pour retrouver nos vies ante-crise de la Covid-19."
L’objectif ? Étudier les capacités du cerveau à faire face au confinement d’un point de vue émotionnel et adaptatif. Les scientifiques responsables de cette initiative désirent trouver des solutions pour répondre aux effets induits par ces changements extrêmes. Il faut dire que durant les confinements – synonymes de perte de repères spatio-temporels – en lien avec la situation sanitaire induite par le coronavirus SARS-CoV-2, nos capacités d’adaptation ainsi que nos émotions ont été malmenés. Or, l’expédition Deep Time servira à comprendre comment répondre aux impacts provoqués par ces changements.

 

Time out

Les participants séjournent dans la grotte sans montre, sans téléphone ni lumière naturelle. Par ailleurs, les conditions environnementales sont plutôt difficiles, avec une température de 12 °C et un taux d’humidité de 95 %. De plus, l’équipe devra se servir d’un système de pédalo pour générer sa propre électricité et puiser de l’eau à une profondeur de 45 m. À la surface, des scientifiques suivront les participants à l’aide de capteurs.
Les résultats analysés par nombre de spécialistes et scientifiques intéresseront les domaines spatial (avec l’installation de groupes humains autonomes et potentiellement isolés dans l'espace), militaire (vie en environnement confiné au cœur des missions longues), comme la société civile (confinement de population : enseignement sur l’action en situation de perte de repères face à des crises de toute nature). Cela pourra être enrichissant également pour le monde de l'entreprise (recherche de meilleures conditions de travail pour les mineurs, tunneliers, et personnes œuvrant à leurs tâches durant de longues heures sous terre.)
 
 
 

Pourquoi une grotte ?

 "Après des années d’études variées, nous avons constaté que, pour bien comprendre les aptitudes et fonctionnements humains, il est nécessaire de les étudier en milieu naturel et lors de situations réelles de vie plutôt qu’en simulation en espace restreint et fermé.
Nous avons donc choisi une grotte de grande ampleur afin d’installer un camp de qualité pour les études tout en ayant un espace d’évolution, de découverte(s), d’exploration, suffisamment conséquent."
La grotte de Lombrives est une grotte dont l'entrée principale est située sur la commune d'Ussat (Ariège). Le site non aménagé, classé, accueille dans une partie de nombreux touristes attirés par les vastes galeries, au passé lointain : les groupes humains préhistoriques du Néolithique, des brigands, des ermites, des lépreux, de simples bergers ainsi que des faux-monnayeurs s'y sont abrités.
C'est maintenant au tour de cette jeune équipe d'affronter la rigueur du temps, muet et silencieux, et l'absence de lumière solaire.
Il reste trente jours. Retour à la case départ.
 
 


Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mercredi 24 Mars 2021 à 15:51 | Lu 358 fois




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