L'avenir au fond de la mine
![Peinture de Joélle Delaunay Peinture de Joélle Delaunay](https://www.troglonautes.com/photo/art/default/4878674-7277471.jpg?v=1351783660)
Peinture de Joélle Delaunay
MARIUS / Livre septième/ Patron-Minette / Les mines et les mineurs. Extraits
"Les sociétés humaines ont toutes ce qu'on appelle dans les théâtres un troisième dessous. Le sol social est partout miné, tantôt pour le bien, tantôt pour le mal. Ces travaux se superposent. Il y a les mines supérieures et les mines inférieures. Il y a un haut et un bas dans cet obscur sous-sol qui s'effondre parfois sous la civilisation, et que notre indifférence et notre insouciance foulent aux pieds. L'Encyclopédie, au siècle dernier, était une mine presque à ciel ouvert. Les ténèbres, ces sombres couveuses du christianisme primitif, n'attendaient qu'une occasion pour faire explosion sous les Césars et pour inonder le genre humain de lumière. Car dans les ténèbres sacrées, il ya la lumière latente. Les volcans sont pleins d'une ombre capable de flamboiement. Toute lave commence à être nuit. Les catacombes, où s'est dite la première messe, n'étaient pas seulement la cave de Rome, elles étaient le souterrain du monde.
Il y a sous la construction sociale, cette merveille compliquée d'une masure, des excavations de toutes sortes. Il y a la mine religieuse, la mine philosophique, la mine politique, la mine économique, la mine révolutionnaire. Tel pioche avec l'idée, tel pioche avec le chiffre, tel pioche avec la colère. On s'appelle et on se répond d'une catacombe à l'autre. Les utopies cheminent sous terre dans ces conduits. Elles s'y ramifient en tous sens. Elles s'y rencontrent parfois, et s'y fraternisent. Jean-Jacques prête son pic à Diogène qui lui prête sa lanterne. Quelques fois, elles s'y combattent. Calvin prend Socin aux cheveux. Mais rien n'arrête ni n'interrompt la tension de toutes ces énergies vers le but, et la vaste activité simultanée, qui va et vient, monte, descend et remonte de ces obsurités, et qui transforme lentement le dessus par le dessous et le dehors par le dedans ; immense fourmillement inconnu. La société se doute à peine de ce creusement qui laisse sa suface et lui change les entrailles. Autant d'étages souterrains, autant de travaux différents, autant d'extractions diverses. Que sort-il de toutes ces fouilles profondes ? L'avenir."
"Les sociétés humaines ont toutes ce qu'on appelle dans les théâtres un troisième dessous. Le sol social est partout miné, tantôt pour le bien, tantôt pour le mal. Ces travaux se superposent. Il y a les mines supérieures et les mines inférieures. Il y a un haut et un bas dans cet obscur sous-sol qui s'effondre parfois sous la civilisation, et que notre indifférence et notre insouciance foulent aux pieds. L'Encyclopédie, au siècle dernier, était une mine presque à ciel ouvert. Les ténèbres, ces sombres couveuses du christianisme primitif, n'attendaient qu'une occasion pour faire explosion sous les Césars et pour inonder le genre humain de lumière. Car dans les ténèbres sacrées, il ya la lumière latente. Les volcans sont pleins d'une ombre capable de flamboiement. Toute lave commence à être nuit. Les catacombes, où s'est dite la première messe, n'étaient pas seulement la cave de Rome, elles étaient le souterrain du monde.
Il y a sous la construction sociale, cette merveille compliquée d'une masure, des excavations de toutes sortes. Il y a la mine religieuse, la mine philosophique, la mine politique, la mine économique, la mine révolutionnaire. Tel pioche avec l'idée, tel pioche avec le chiffre, tel pioche avec la colère. On s'appelle et on se répond d'une catacombe à l'autre. Les utopies cheminent sous terre dans ces conduits. Elles s'y ramifient en tous sens. Elles s'y rencontrent parfois, et s'y fraternisent. Jean-Jacques prête son pic à Diogène qui lui prête sa lanterne. Quelques fois, elles s'y combattent. Calvin prend Socin aux cheveux. Mais rien n'arrête ni n'interrompt la tension de toutes ces énergies vers le but, et la vaste activité simultanée, qui va et vient, monte, descend et remonte de ces obsurités, et qui transforme lentement le dessus par le dessous et le dehors par le dedans ; immense fourmillement inconnu. La société se doute à peine de ce creusement qui laisse sa suface et lui change les entrailles. Autant d'étages souterrains, autant de travaux différents, autant d'extractions diverses. Que sort-il de toutes ces fouilles profondes ? L'avenir."
Un bel hommage au monde souterrain
![Victor Hugo (1802-1885) par Léon Bonnat (1833-1922) Victor Hugo (1802-1885) par Léon Bonnat (1833-1922)](https://www.troglonautes.com/photo/art/default/4878674-7277581.jpg?v=1351783660)
Victor Hugo (1802-1885) par Léon Bonnat (1833-1922)
Victor Hugo n'a pas toujours écrit sur le monde souterrain de manière aussi élogieuse, mais avouez que là, on peut être fiers d'être des intraterrestres, de vivre dans ce monde obscur de philosophes où se forgent les utopies et les révolutions, où se complote le progrès de la civilisation. Merci Victor ! On te retrouve bientôt pour la suite du septième livre de Marius, afin de savoir ce qu'il y a encore en dessous de ces catacombes, car il y a un étage inférieur... fait de monstres .. et de larves.
A suivre.
Lady Trog
A suivre.
Lady Trog