De la littérature souterraine : " La confrérie des moines volants"

Littérature


Metin Arditi est un écrivain francophone d’origine turque. Dans « La confrérie des moines volants », il raconte l’histoire d’une communauté monastique errante dans la terreur des massacres du stalinisme anticlérical. Nikodime et ses disciples sauvent et cachent dans un lieu secret d'inestimables trésors de l’art orthodoxe, au péril de leur vie.


vendredi 5 novembre 1937

Aidée d’Irina, une jeune fille intrépide qu'il cherche à repousser, le moine Nikodime, poursuivi et torturé par un sombre péché de jeunesse, cherche le lieu où cacher les trésors arrachés au pillage.

"Le cimetière avait dû être abandonné depuis très longtemps, car il était couvert de ronces, de lierres et de taillis au point qu’il sembla impossible à Nikodime d’accéder aux tombes. Il y avait trois petites chapelles et il lui fallut dix à quinze minutes pour accéder à chacune. A l’aide d’une branche, il déplaça la grande pierre qui lui permettait l’accès à la crypte, et descendit les quelques marches qui menaient à l’espace où étaient entreposés les cercueils. Il y en avait huit dans la première chapelle et plus de dix dans la seconde. La troisième n’en comptait que deux, posés l’un à côté de l’autre en contrebas des marches, sur la gauche.
Ce serait donc celle-là.
Il quitta la crypte, replaça la pierre dan sa position d’origine et fit le tour du monument. A l’entrée figurait une inscription :
Vassili Alexandrévitch Smirnov ( 1812-1872)
Anna Pavlovna Smirnova (1820-1888)

Il creuserait un trou en lisière de la crypte, de trois pas sur trois, et profond de deux mètres. Une fois le trou creusé, il déplacerait les pierres du mur depuis l’extérieur. Il lui serait alors possible d’étayer l’accès, de l’isoler, de le recouvrir d’une trappe, et pour finir de camoufler le tout.
Il y retourna le lendemain après les matines, à une heure où il faisait encore nuit, pour ne pas être vu avec une pioche. »
 

Jeudi 11 novembre 1937

« - Qui t’a dit de faire ça ? i
Nikodime allait exploser. Debout dans le trou, Irina était en plein effort, les manches de sa blouse relevées. Ses bras, son visage, ses mains, sa robe, tout sur elle état terreux,  à l’exception de son front qui luisait de sueur.
Maintenant le trou était  profond de  bien un mètre. A sa lisière, il y avait un petit monticule de terre.
Nikodime eut un geste du menton :
- Où est le reste ?
- Je l’ai transporté à la pelle, un peu partout. Pour ne pas laisser de trace.
Sa réponse irrita Nikodime encore plus. La veille, après avoir fini de creuser, il avait fait de même.
- File d’ici !
Elle s’extirpa du trou et le regarda dans les yeux :
- Tu auras besoin d’une trappe. Il y en a une à la ferme. Je l’emmènerai demain.
Elle épousseta sa robe par trois fois au niveau du ventre, puis deux fois sur ses seins, passa près de Nikodime en le frôlant de sa poitrine et partit.
 

Dimanche 14 novembre

" Nikodime n’en revenait pas.
La cache avait été consolidée de façon magistrale.
Des branches de bouleau hautes de deux mètres avaient été reliées entre elles par un système de cordages et plantées dans des empochements d’au moins cinquante centimètres, ce qui donnait aux parois une rigidité surprenante. Le fond de la cache était recouvert de pierres plates sur lesquelles une épaisse couche de paille avait été tassée. Les pierres avaient sans doute été ramenées de la rivière au prix d’un effort immense. Fourrée entre les branches de bouleau, la paille tapissait également les trois parois de l’abri et lui donnait une isolation aussi bonne qu’on pouvait l’espérer. Les pierres situées sous le linteau de la crypte avaient été descellées, si bien qu’entre cache et crypte, le lien était créé. Au-dessus du trou, trois couches de pierres plates isolaient une trappe. La terre extraite de la cache avait été évacuée, et sa partie supérieure camouflée par des branches de sapin.
Quand Irina avait elle eu le temps de creuser ? La force de transporter les pierres ? D’évacuer le reste de la terre ? D’installer la trappe ? »
 

 

Avec l'aide de la jeune fille, le moine dissimulera dans cette cache souterraine des trésors de l’art orthodoxe, dont de précieuses icônes. Le secret et le trésor traverseront-ils l’histoire mouvementée de la Russie, pour être un jour remis à la lumière du soleil ?
Le roman nous fait ensuite faire un bon dans l’histoire du XXème siècle, à la recherche de ces trésors oubliés...
Tirée d’une histoire vraie, le destin tragique de « la confrérie des moines volants » est une émouvante saga où se mêlent Histoire, art, amour et religion. A lire aux éditions Points .
 L.T.

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Rédigé par Renée Frank le Mardi 21 Octobre 2014 à 12:37 | Lu 276 fois