Art pariétal, art souterrain (1/2)

Savoir-faires ancestraux


Les interprétations sur les raisons qui ont pu pousser les hommes à décorer les parois de grottes profondes dans des conditions difficiles ont divisé les paléontologues à diverses époques. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Nous vous proposons une plongée dans les ténèbres à l’ère du Paléolithique supérieur, soit à – 40.000 ans avant JC…


A l'époque du chasseur cueilleur

Petit rappel basique : l’art pariétal est l’art des parois. C’est, avec l’art mobilier (tels que outils, statuettes), ce que nous ont laissé les Homo sapiens, nos ancêtres, dans de nombreuses grottes en Europe, et en particulier en France, des Pyrénées à l’Ardèche, en passant par la Dordogne. L’exemple le plus connu est bien sûr celui de la Grotte de Lascaux, datant du Magdalénien (-17.000 à -11.000 ) qui se réfère aux découvertes sur le site de l’abri de la Madeleine. Mais il existe des témoignages plus anciens datant de l’Aurignacien (du nom éponyme Aurignac) entre  - 40.000 et – 28.000, comme les lions de la grotte Chauvet en Ardèche ou les chevaux pommelés de la grotte de Pech-Merl, datant du Gravettien ( site de la Gravette ), entre – 28.000 à – 22.000.
 Ces oeuvres d’art ayant été longtemps dissimulées à l’abri de la lumière et de la présence humaine, leurs couleurs ont été miraculeusement préservées. Ocres, rouge, noirs de charbon (les seuls que l’on peut donc dater grâce au carbone 14) ont été posés à l’aide de pinceaux végétaux ou directement à la main. On a retrouvé des traces de foyers, ainsi que des outils comme des godets en os ou en coquillage, des torches ou des lampes à l’huile, alimentées par de la graisse de renne. Les parois hautes et les plafonds étaient peints grâce à l’utilisation d’échafaudages.  A l’extérieur, le paysage est celui de la toundra : nous sommes à l’époque glacière et les mammouths et aurochs règnent en maîtres sur la steppe. L’homme y vit de la chasse et de la cueillette.

Le réchauffement climatique... et ses effets sur l'art

A la période azilienne ( Mas d’Azil), entre -12.000 et -10.000, le réchauffement provoque l’apparition de la forêt. L’utilisation de matériaux plus périssables comme le bois ou l’écorce rendent les témoignages artistiques de nos ancêtres plus rares. La faune se modifie également. Le glas de l’art pariétal a sonné, mais son voyage à travers le temps ne fait que commencer, protégé par les ténèbres des grottes, dissimulé pour de nombreux siècles de la curiosité humaine.
 
A suivre…


Lady Trog

Les animaux en majesté

On distingue des motifs abstraits (points et traits, claviformes, tectiformes ou blasons,  un bestiaire très  varié et des représentations humaines plus parcellaires, qui semblent parfois plus maladroites car plus fantasmagoriques, souvent à consonance sexuelle. Mais parlons d’abord des témoignages du monde animal.
Après la deuxième guerre mondiale, le paléontologue  André Leroi-Gourhan (1911-1986), grâce à une démarche statistique et structuraliste, a établi des cartes géographiques et surtout une hiérarchisation des espèces. En haut de la pyramide, le bison et le cheval, puis viennent les cervidés et les mammouths, l’ours et le rhinocéros. Les serpents, les poissons et les animaux marins sont les moins représentés. Il est intéressant de noter que ce ne sont pas uniquement des animaux chassés par l’homme prédateur que l’on retrouve sur les parois des grottes, ce qui a permis d’éliminer une interprétation selon laquelle ces peintures avaient vocation à favoriser le succès de la chasse.
Avant lui, l’Abbé Breuil (1877-1961), surnommé le Pape de la Préhistoire, avait établi de nombreux relevés. Les animaux sont figuratifs et souvent bien reconnaissables . Une ligne simple permet de représenter le contour. Les détails figurent autour de l’animal. Des traits et des points ont probablement une signification rituelle. Les chevaux pommelés de la grotte de Pech Merle attestent de ce mode pictural. Les techniques évoluent : sens de la perspective, modelé, utilisation de la réserve (partie du support qui n’est pas peinte). Un bel exemple est celui de la  grotte Cosquer (désormais  accessible uniquement par plongée  car l’entrée de la grotte a été noyée par la montée des eaux), avec des animaux terrestres ( chevaux ) ou marins, tels que les pingouins. A Altamira, en Espagne, l’artiste a utilisé le relief naturel pour peindre son plafond de bisons.


Rédigé par Renée Frank le Lundi 13 Octobre 2014 à 18:48 | Lu 250 fois




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