Altamira, Lascaux… même combat

Patrimoine rupestre espagnol (1)


Au cours de nos nombreuses incursions en territoire souterrain espagnol, nous avons pu enfin l’été dernier découvrir Altamira située sur la commune de Santillana del Mar en Cantabrique, essentiellement calcaire et soumise à l’activité karstique.
Nous avions tenté d’y pénétrer, l’été 2017, sans succès : une file d’attente de quelques 200 personnes s’étirait à l’entrée du site à 9h du matin. L’hiver 2018 nous fut propice : pas un chat à part nous, face à la célèbre grotte.
Lascaux, Chauvet, Altamira sont logés à la même enseigne. Confrontés à un afflux touristique compréhensible, les trois sites ont eu recours à la mise en place de fac-simile, afin de préserver les grottes originelles fragilisées par le temps et l’empreinte humaine. Tout aussi sensibles les modèles sont eux-mêmes soumis à des mesures drastiques pour éviter une détérioration des lieux trop fréquentés…
Vive le tourisme !


Altamira se trouve à 156 mètres au-dessus de la mer et occupe un espace souterrain de 270 mètres de long, formé par une succession de galeries aux dimensions variables. L’ouverture unique consiste en un rectangle de 15 mètres de long sur deux mètres de hauteur ouvrant sur la vallée de Santillana del Mar.
Elle fut occupée par l’homme durant deux étapes séparées par une longue période d’abandon : la première date du Solutréen supérieur (18 5OO ans avant notre ère), la seconde remonte au Magdalénien inférieur (16 500 – 14 OOO ans). Enfin, un gigantesque éboulement survint vers 13 OOO ans qui l’enferma dans l’oubli jusqu’à sa découverte accidentelle en 1868.
 

Papa ! un bœuf !

Avant d’accéder à la notoriété qu’elle connait, la grotte du faire face à trois grandes campagnes de fouilles archéologiques. La première a été initiée par le propriétaire des lieux, Marcellino Sanz de Sautuola qui découvrit en 1879 les premières peintures en creusant avec sa fille qui s’écria : « Papa ! un bœuf ! » :  ils mettaient au grand jour les peintures du célèbre plafond polychrome. Mais sa découverte suscita la plus grande méfiance de la part des autorités scientifiques compétentes. La reconnaissance n’intervint que très tard, bien après sa mort (1888).
Les deux autres campagnes de fouilles se déroulèrent en 1902 (reconnaissance officielle) et 1924. Inscrite au Patrimoine mondial de L’UNESCO depuis 1985, la grotte jouit depuis de la protection des instances locales et nationales et de fonds privés.

Un parcours, des questions

La « Neocueva » créée après la fermeture su site originel en 1977 permet donc aux visiteurs du Musée d’appréhender l’histoire de la grotte et de ses occupants du monde paléolithique. La visite débute par le campement magdalénien, se poursuit par la Tanière de l’Ours, l’atelier du peintre, et enfin du plafond polychrome, riches en « expressions artistiques » datant des deux périodes d’occupation : chèvres, chevaux côtoient bisons, sangliers, mains « négatives » accompagnées de signes « claviformes » au sens encore méconnu.
La visite d’achève par la « Queue de cheval », la galerie la plus profonde, l’original étant de toute façon inaccessible aux visiteurs en raison de son étroitesse excessive.
Le musée recèle les traces, objets, découvertes techniques de l’époque (pigments, macrofaune, sédiments…) et présente la méthodologie de recherche de l’archéologie préhistorique et l’état des recherches actuelles. L’espace retrace l’évolution des hominidés jusqu’à l’Homo Sapiens d’Altamira, puis met en scène la vie de l’époque dans un milieu certes rude mais qui a offert durant certaines périodes de multiples possibilités de subsistance et de développement durant les deux périodes d’occupation des lieux.
Comme sur les autres sites de renommée mondiale, Altamira est confrontée à nombres de mystères restés sans réponse. Ainsi le dernier volet du Musée est consacré à la mort dans le champ paléolithique, sujet encore mal connu.­

Le Musée donne de précieuses informations sur nombre de sanctuaires présents en Cantabrique, Fuente del Salin, la grotte des Monedas, Chufin ou encore Rionansa…
Nous vous emmenerons prochainement à la découverte d’autres sites rupestres, situés plus au sud, encore méconnus mais surprenants.
A suivre
 
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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Vendredi 22 Mars 2019 à 17:01 | Lu 411 fois