Vertu du souterrain

Littérature souterraine


Dans le très riche ouvrage collectif écrit sous la direction de Pierre Von Meiss et Florinel Radu, « VINGT MILLE LIEUX SOUS LES TERRES, Espaces publics souterrains », un article retient entre autres mon attention, celui intitulé "Vertus du souterrain".


Plaidoyer

L’architecture souterraine, enfouie à l’abri des regards, est-elle par essence le parent pauvre d’une autre architecture, plus noble, tournée vers l’extérieur et la lumière? N’est-elle que la coulisse d’une scène où se distribuent, sans elle, la reconnaissance et les honneurs ? Poser la question en ces termes, c’est probablement déjà reconnaître le rôle subalterne qui lui est réservé le plus souvent.
Architecture méconnue ou dénigrée ?
La ville privilégie ses atours extérieurs […] Le regard est imprimé dans l’instant par les volumes (tours, façades, monuments, avenues), les couleurs et les formes de la même manière que l’odorat ou l’ouïe sont touchés par les odeurs ou les sons. Le même promeneur foule sans s’en rendre compte, enfouis quelque part sous ses pas, des lieux très discrets, invisibles, parfois tout simplement inaccessibles. Les espaces souterrains ont ceci de particulier qu’ils ne se livrent pas avec évidence.[…]
Comment, dans une époque qui privilégie plus que tout l’image et le paraître, l’architecte et son commanditaire peuvent-il encore attacher une quelconque importance aux parties invisibles? Le souterrain souffre d’une terrible injustice : fondement indispensable de l’édifice, soutien humble et dévoué des parties émergentes, construit avant tout autre, il n’est, en fait, pensé et dessiné qu’au tout dernier moment.
 

Un potentiel inexploité

Les arguments ne manquent pas en faveur d’une exploitation plus attentionnée des sous-sols de la ville.[…] Elle aiguiserait en quelque sorte la réceptivité de nos sens face aux signaux émis par l’environnement construit que nous expérimentons au quotidien. […]
A l’inverse ( du monde du dehors), les espaces souterrains profitent d’une beaucoup plus grande liberté : ils n’ont pas de compte à rendre vers l’extérieur, si ce n’est parfois vers le haut lorsque occasionnellement ils se trouvent en contact avec la surface du sol. C’est là une réelle opportunité de concentrer le propos sur les exigences exprimées de l’intérieur. En allant plus loin dans ce sens, on peut assurer que l’élaboration d’un lieu enterré oblige naturellement à parler en termes d’espace, et non plus en termes  d’objet.
 
Si l’on veut avancer des raisons plus pragmatiques et fonctionnelles au développement de l’architecture souterraine, il faut les chercher dans la nécessité des agglomérations de se défendre contre l’asphyxie progressive engendrée par la densification du tissu urbain et l’augmentation du trafic motorisé.

L’auteur  de ce plaidoyer, Michel Malet, fait à ce sujet référence à l’urbaniste des années 1950, Edouard Utudjian ( qui fera l’objet d’un prochain article) .
 

A LIRE :
Vingt Mille lieux sous les Terres
Espaces publics souterrains
Sous la direction de Pierre von Meiss et Florinel Ruda
Editions Presses polytechniques et universitaires romandes
 
L.T.
 


Rédigé par Renée Frank le Mardi 20 Janvier 2015 à 10:17 | Lu 193 fois




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