Troglodyte Dundee, les Tags de Kakadu

Série australienne (9)


Avec plus de 5 000 sites recensés et identifiés, Kakadu renferme un paysage culturel vivant et unique d'œuvres d'art aborigènes. Cap sur Ubirr et Nourlangie Rock, les deux sites demeurés intacts et représentatifs de l’Art et des abris aborigènes. Imaginez des « tagueurs »… des œuvres éphémères qui effacent les précédentes… Les peintures les plus anciennes découvertes en Australie, remonteraient à quelques millénaires - vers 40 000 ans avant notre ère - assez largement (hypothèse) avant les peintures rupestres européennes les plus anciennes, comme la grotte Cosquer, ou Lascaux. Survivent des traces difficilement datées : les Aborigènes ayant recouvert des peintures anciennes pour transmettre et continuer à entretenir les mythes. Cependant, les archéologues ont trouvé une solution innovante pour dater ces œuvres mêmes si les parties visibles sont en partie modernes : en analysant le sol sous les parois, ils découvrent des couches sédimentaires où figurent des traces de pigments grattés sur la roche à différentes périodes. La datation de morceaux de bois ou de restes carbonés au même niveau permet dès lors de dater les plus anciennes peintures portées sur ces endroits.
Outre Nawarla Gabarnmang, deux sites sont particulièrement représentatifs de ce phénomène : Nourlangie Rock et Ubirr où nous séjournons deux jours.


Nourlangie Rock

Nourlangie Rock est exceptionnel à bien des égards. Appelé Burrunggi en langue aborigène, il se situe à 16 km à l'Est de la Kakadu Highway et propose aux visiteurs un ensemble de peintures rupestres aborigènes particulièrement bien conservées dans un environnement qui frôle le fantastique.

Le belvédère « Gunwarddehwardde » surplombe la Terre d’Arnhem, avec ses falaises de grès et ses vastes étendues de savane. Le site principal d'art rupestre le long de cette promenade est la galerie et l'abri « Anbangbang ». Au fil de vos pas, vous découvrez plusieurs styles artistiques qui se surimpressionnent en télescopant les époques. Observez des représentations d'êtres créateurs, tels que « Namarrgon » (l'homme éclair), des représentations mystérieuses de voiliers européens du premier contact avec les Blancs et des images à rayons X d'animaux et de poissons.
Une promenade circulaire de 1,5 km vous conduit devant un ancien refuge aborigène et plusieurs sites d'art remarquables. 

Ubirr

Ubirr se trouve dans la région de East Alligator du Parc dans le Territoire du Nord à une quarantaine de kms de Jabiru. Il est constitué d'un groupe d'affleurements rocheux au bord de la plaine de Nabab, qui offrent nombre d’abris naturels contenant des collections de peintures rupestres soumis à la même problématique de datation. Si certains ancêtres de la création sont représentés, nombres d’animaux de la région coexistent au-delà des arcanes du temps : barramundis, poissons-chats tortues, oppossums et wallabies…Du haut de la table rocheuse d'Ubirr, la vue embrasse à 360° les plaines inondables et les escarpements environnants.
Les parois rocheuses d'Ubirr ont été peintes et repeintes en continu sur un continuum de temps proche des 40 000 ans.  Les rangers des parcs nationaux donnent des explications détaillées sur chacun des sites balisés par des panneaux explicatifs. La galerie principale est peut-être la plus fréquentée et s’illustre par de nombreux exemples "d'art radiographique". On y trouve notamment des peintures d’hommes blancs, d’esprit « Mimi » : Il est difficile de comprendre comment les artistes ont réussi à atteindre ces fragments de roche pour peindre les esprits « Mimi ». L'explication locale est que les esprits Mimi ont peint les tableaux eux-mêmes et ont ramené le rocher au ras du sol pour le faire…
Il y a surtout le « Rainbow Serpent gallery », site sacré, quoique ouvert aux touristes, anciennement réservé aux femmes… contradiction moderne oblige ! La légende veut que le serpent Arc en ciel ou "Garranga'rreli", du temps du Rêve aie chanté les rochers, les plantes, les animaux et les humains. Ce chemin ou « chant »reste sacré pour les autochtones.

Les aborigènes d’Australie peignent pour faire vivre le monde…

« Les grands ancêtres, lorsqu’ils ont parcouru la terre, ont créé des itinéraires qu’ils ont décrit par les chants. C’est pourquoi les aborigènes, aujourd’hui, lisent la terre comme un livre en interprétant les traits du paysage comme des traces vivantes d’êtres fantastiques.
C’est donc un devoir pour eux de peindre et repeindre les itinéraires des grands ancêtres afin de réactualiser leur action de création du monde, pour qu’ainsi, leur monde sacré et le nôtre reste lié car, sans cela le monde dépérirait et s’éteindrait en redevenant une terre morte comme à son début. Cette répétition entretient la vie.
Chaque Aborigène à la charge d’honorer par la peinture (le chant, la danse, les cérémonies) une portion de territoire, de segment d’itinéraire et de chant. On la retrouve de manières différentes (peintures rupestres, peintures éphémères sur sol, et écorces de bois à partir du début du 20ème siècle. »  Vint ensuite l’époque moderne, avec la peinture acrylique.
 
Après deux journées consacrées à Kakadu, nous partons en direction d’Uluru, où d’autres signes et surprises nous attendent.

A suivre.
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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mercredi 24 Octobre 2018 à 06:57 | Lu 332 fois




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