Le temps s’est arrêté à Saint-Georges-des-Sept-Voies


André Renou, 82 ans, a ouvert pour nous les portes de sa ferme troglodytique : troglo d’antan, ferme de la Belle au bois dormant. Il nous a offert sa boîte à souvenirs. Récit d’un témoignage émouvant. Saint-Georges-des-Sept-Voies (49), le 29 mai 2011.


Plus d’un siècle de mémoire

Le temps  s’est arrêté à Saint-Georges-des-Sept-Voies

André, ses trois frères et sœurs sont nés,  ont grandi dans cette ferme acquise par leurs grands-parents en 1900 au lieu dit de l’Orbière,  à St-Georges-des-Sept-Voies. Son père  Louis, y est né aussi  en 1898. Sa mère, Suzanne, d’une fratrie de 8 enfants, était de Chênehutte-Les-Tuffeaux. Elle travaillait au café du Thoureil quand Louis l’a rencontrée. Le grand-père Louis et la grand-mère Marie  ont acquis  cette ferme dotée de 10 ha de terrain. Avant le remembrement,  les petites parcelles pouvaient s’étendre jusque loin du village : blé, orge, graines de betteraves, vigne, pommiers …  La plupart des habitants du hameau vivaient encore en cave. Ils ont commencé à les abandonner en 1945, puis la plupart des jeunes sont partis  après 1968. Certains sont revenus vivre au pays, comme André. Cordonnier de métier, puis employé de maison aux Missions Etrangères à Paris, grâce à son frère Michel, missionnaire en Asie,  il habite seul la maisonnette qui surplombe les caves.


Une ferme d’autrefois

Le temps  s’est arrêté à Saint-Georges-des-Sept-Voies

Le tilleul planté en 1917 par son grand-père trône au milieu de la carrie.  La cave demeurante est restée en l’état avec ses casseroles accrochées au mur, sa table et ses bancs devant la cheminée. La statue de la vierge, provenant des poteries peintes de Malicorne, veille au-dessus de l’entrée.  Autour de la cour, de nombreuses crèches et écuries abritaient les animaux de la ferme : le cheval, 2 chèvres, 2  moutons,  des poules et des lapins, le  cochon et les 2 vaches. Jacques Warminsky, célèbre sculpteur à l’origine de la création du site voisin de l’Hélice Terrestre, venait chercher le lait et les œufs à la ferme, quand, enfant, il passait  ses vacances à l’Orbière. Pressoir à pommes,  vestiges de tour à bois, charrettes, une grande jarre pour faire la buée, et puis bien sûr des pressoirs à vin et des tonneaux,  toutes sortes d’engins et d’ustensiles  qui témoignent de l’activité viticole et agricole. A la différence d’autres lieux, la ferme d’André est comme figée dans le temps : ni restaurée artificiellement, ni  abandonnée à la nature, juste entretenue avec soin. Si on ferme les yeux, on peut entendre les cris des enfants qui reviennent  à travers champs de l’école de la Sansonnière  (l’actuelle Hélice Terrestre abritait alors 4 familles) ; les bêtes qui s’agitent devant la mangeoire ; la poulie du puits qui grince. On s’attend à voir surgir endimanchée avec sa coiffe, la grand-mère Marie, attendant le retour de son époux parti à la Grande Guerre.


Du Japon à l’Orbière

Le temps  s’est arrêté à Saint-Georges-des-Sept-Voies

André a hérité le troglo de ses parents. Ses frères et sœurs se sont partagés les  terres. Il ne sait  pas ce que deviendra ce lieu après lui. Son frère le plus proche l’aide à entretenir le terrain. Notre hôte fait souvent  visiter aux curieux les caves qui s’enfoncent profondément dans le coteau. De nombreuses inscriptions témoignent de tous les voyageurs étrangers venus de loin découvrir ce coin de terre angevine tellement authentique. Je vous raconterai la prochaine fois comment  j’ai rencontré André  et sa ferme endormie : il a fallu un petit détour par le Japon pour me mener vers ce site merveilleux.




Lady Trog



Rédigé par Renée Frank le Samedi 4 Juin 2011 à 19:18 | Lu 869 fois




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