Plus d’un siècle de mémoire
André, ses trois frères et sœurs sont nés, ont grandi dans cette ferme acquise par leurs grands-parents en 1900 au lieu dit de l’Orbière, à St-Georges-des-Sept-Voies. Son père Louis, y est né aussi en 1898. Sa mère, Suzanne, d’une fratrie de 8 enfants, était de Chênehutte-Les-Tuffeaux. Elle travaillait au café du Thoureil quand Louis l’a rencontrée. Le grand-père Louis et la grand-mère Marie ont acquis cette ferme dotée de 10 ha de terrain. Avant le remembrement, les petites parcelles pouvaient s’étendre jusque loin du village : blé, orge, graines de betteraves, vigne, pommiers … La plupart des habitants du hameau vivaient encore en cave. Ils ont commencé à les abandonner en 1945, puis la plupart des jeunes sont partis après 1968. Certains sont revenus vivre au pays, comme André. Cordonnier de métier, puis employé de maison aux Missions Etrangères à Paris, grâce à son frère Michel, missionnaire en Asie, il habite seul la maisonnette qui surplombe les caves.
Une ferme d’autrefois
Le tilleul planté en 1917 par son grand-père trône au milieu de la carrie. La cave demeurante est restée en l’état avec ses casseroles accrochées au mur, sa table et ses bancs devant la cheminée. La statue de la vierge, provenant des poteries peintes de Malicorne, veille au-dessus de l’entrée. Autour de la cour, de nombreuses crèches et écuries abritaient les animaux de la ferme : le cheval, 2 chèvres, 2 moutons, des poules et des lapins, le cochon et les 2 vaches. Jacques Warminsky, célèbre sculpteur à l’origine de la création du site voisin de l’Hélice Terrestre, venait chercher le lait et les œufs à la ferme, quand, enfant, il passait ses vacances à l’Orbière. Pressoir à pommes, vestiges de tour à bois, charrettes, une grande jarre pour faire la buée, et puis bien sûr des pressoirs à vin et des tonneaux, toutes sortes d’engins et d’ustensiles qui témoignent de l’activité viticole et agricole. A la différence d’autres lieux, la ferme d’André est comme figée dans le temps : ni restaurée artificiellement, ni abandonnée à la nature, juste entretenue avec soin. Si on ferme les yeux, on peut entendre les cris des enfants qui reviennent à travers champs de l’école de la Sansonnière (l’actuelle Hélice Terrestre abritait alors 4 familles) ; les bêtes qui s’agitent devant la mangeoire ; la poulie du puits qui grince. On s’attend à voir surgir endimanchée avec sa coiffe, la grand-mère Marie, attendant le retour de son époux parti à la Grande Guerre.
Du Japon à l’Orbière
André a hérité le troglo de ses parents. Ses frères et sœurs se sont partagés les terres. Il ne sait pas ce que deviendra ce lieu après lui. Son frère le plus proche l’aide à entretenir le terrain. Notre hôte fait souvent visiter aux curieux les caves qui s’enfoncent profondément dans le coteau. De nombreuses inscriptions témoignent de tous les voyageurs étrangers venus de loin découvrir ce coin de terre angevine tellement authentique. Je vous raconterai la prochaine fois comment j’ai rencontré André et sa ferme endormie : il a fallu un petit détour par le Japon pour me mener vers ce site merveilleux.