Le MONA : un musée creusé dans la falaise en Tasmanie

Petite introduction à l'Australie


J’étais prête à traverser les océans pour aller visiter un lieu extraordinaire : le musée MONA ( museum of Old and New Art), creusé dans les falaises de calcaire à Hobart en Tasmanie. Oui, je sais, il vous faut consulter la carte pour situer ce confetti sur la planète, connu surtout pour son diable, un inoffensif petit rongeur, et son passé de refuge de bagnards. Vous trouverez cette île au sud de l’Australie, accessible en une nuit de ferry depuis Melbourne ou en 1 heure d’avion du continent. Un voyage professionnel en Australie m’a donné la merveilleuse occasion de me rendre sur place. Visite guidée et émerveillée…


Il était une fois un génie nommé David Walsh

 Tout commence par la personnalité hors norme d’un génie nommé David Walsh. Né dans une modeste famille à Hobart, étudiant doué en mathématiques, il commence sa carrière professionnelle en remplaçant des candidats malheureux à des examens administratifs. Le succès est au rendez-vous, et il se trouve lui-même recruté par l’administration fiscale. Mais l’ennui guette et David fera  bientôt preuve de dons exceptionnels, en particulier en matière de calculs de probabilités et de mémorisation de suites de nombres. Il souffrirait probablement du syndrome d’Asperger qui permet de développer des capacités hors normes dans certains domaines exigeant une concentration extrême. Il s’entraîne alors avec un ami à lire les cartes et se met à jouer. Il « craque » tous les casinos de la planète dont il devient la bête noire. Riche de 80 millions de dollars, David Walsh construit un musée idéal à son image, creusé profondément dans les falaises de Tasmanie.

Columbarium et oeuvres d'art

60.000 tonnes de roche ont été excavées pour offrir au visiteur ébahi 6000m² de galeries souterraines. La roche est laissée à l’état brut, sciée verticalement sur 17 mètres de profondeur. La surprise est d’autant plus grande que l’accès se fait par une villa aux murs blancs, après avoir traversé le cours de tennis du propriétaire. Première version modeste du musée et propriété viticole, la maison n’est que la porte vers un monde souterrain mystérieux et provoquant. L’ascenseur vous emmène directement au 3ème sous-sol. Le parcours s’ouvre sur un bar à alcools et un columbarium où vous pouvez laisser votre urne funéraire pour la modeste somme de 75.000 dollars. Et pour cause, les oeuvres exposées, collection personnelle de David Walsh, traitent essentiellement du sexe et de la mort. Il s’agit de découvrir par hasard  les oeuvres d’art le long du parcours, au fil des surprises, en brisant les tabous des musées traditionnels et sans présentation didactique, avec l’aide d’un compagnon de visite (tablette électronique) appelé O.
On se perd vite dans ce vaste labyrinthe percé de tunnels sombres ou lumineux (ces derniers sont signés James Turrell, mon artiste fétiche). Des passerelles d’acier relient les 3 niveaux de salles avec des vues vertigineuses. On pénètre ensuite dans d’étroites galeries qui mènent vers d’autres espaces d’exposition ou de détente. Un dédale digne de l’antre du Minotaure…

L'antre du Minotaure

L’architecture est signée Nonda Katsalidis, architecte gréco-australien, qui devait construire un bungalow de plage pour David Walsh en échange de l’achat de son appartement. Tout cela a apparemment dégénéré en projet fou s’il en est, et inauguré en 2011 après 5 ans (seulement !) de travaux.

Le MONA peut aussi s’appréhender par la mer, en prenant la ligne de ferry dédiée dans le port de Hobart. L’aventure commence à bord avec des sièges en forme de mouton et des coupes de champagne pour les clients vips. L’arrivée sur le site est spectaculaire.

L’entrée du musée est gratuite pour tous les Tasmaniens. David Walsh a replacé la Tasmanie sur la carte et fait de ce lieu insolite et puissant une des attractions les plus importantes d’Australie et le premier de l’île. Domaine viticole, restaurant, hôtel, festival de musique, ateliers, de nombreuses activités attirent une foule toujours plus nombreuse. Un nouveau pavillon, le Faro, inondé de lumière, mais accessible uniquement par un tunnel, abrite un nouveau restaurant et une sphère de James Turrell dans un décor de film de James Bond, destinée à faire vivre au visiteur une expérience sensorielle étonnante (j'ai testé pour vous!).

Si le MONA est un lieu de ténèbres – on a la sensation de pénétrer dans une pyramide ou une crypte immense – phénomène renforcé par certaines oeuvres morbides, le jeu de l’ombre et de la lumière est toujours présent. A la tombée du jour, ne manquez pas sur la vaste esplanade qui domine les falaises,  le skyspace de James Turrell, un de ces lieux que je poursuis inlassablement sur la planète.

Pensez à relire article sur le Roden Crater (n°1376), oeuvre monumentale de James Turrell en Arizona.
 
L.T.
 

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à suivre... les aventures des Trogodytes Dundee...


Rédigé par Renée Frank le Mardi 14 Août 2018 à 13:28 | Lu 873 fois




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