Jean Fraysse, photographe


Jean Fraysse, 88 ans. Le fils de Jeanne et Camille Fraysse. Une rencontre inoubliable, des instants fugaces, partagés le temps d’un instantané de vie. C’était un certain dimanche d’octobre, à marquer d’une croix blanche. Le soleil déclinant sur Le Thoureil a doucement enveloppé le vieil homme à l’aube d’une communion magique.


Jean Fraysse, photographe
Le quai porte la signature éternelle de ses parents. Sylvaine, fille de Jean, petite fille du célèbre couple de pionniers nous accueille sobrement, nous pénétrons dans l’antre des dieux, de ceux qui nous donnent la foi. Pharmaciens et curieux, Camille et Jeanne s’installent à Noyant, avides d’aventures locales. Ce sera tout d’abord la paléontologie, la pharmacopée, puis la découverte de la Loire, enfin des troglos dans lesquels ils entraînent leur progéniture.
Jean, passionné de photographie, muni d’un 9x12 à plaque, accompagne les recherches de ses parents. Nous sommes à la fin de la guerre, au temps du magnesium, du sodium et des optiques allemandes, Carl Zeiss. Jean met son appareil en pause, le couvre de son béret, entre les expositions multiples qui donnent à ses images un soupçon d’éternité. C’est l’époque du “Guilleminot”, un papier que je recherchais dans quelque boutique poussiéreuse de Paris dans les années 60. Le numérique était loin devant nous.

Jean Fraysse, photographe
Jean, calme et imposant, nous fait asseoir et reste debout, en appui sur la table du salon, durant toute la première étape de ce chemin labyrintique qui nous amènera à découvrir ce temple du savoir. Encyclopédique. De la cave de tuffeau voûtée jusqu’au bureau de Jeanne et Camille, en passant par diverses strates de mémoires en voie de devenir, des reliefs de dents de requins “suçotées pour les nettoyer” aux vasques de porcelaines peintes, nous parvenons à “la bibliothèque” de Camille. Connaissez vous le Sacré? Même mes Nikons bruyants se figent de respect.

Jean Fraysse, photographe
Les heures passent, la famille Fraysse nous entraîne dans les dédales, les valses de leurs souvenirs avec bienveillance et générosité. Jean offre à mon regard son port-folio de photographe qu’il n’a pas fait respirer depuis vingt ans. Ma main tremble à chaque découverte. Nous nous penchons ensemble sur le grain, la texture de tirages qui tentent de résister, comme nous, au temps. Les anges de lumière se penchent sur nous. La Loire, bienveillante, pointe son museau par les fenêtres.
 
Le temps arrête ses aiguilles, nous délivre ce que la mémoire peut se permettre. Il y a la Loire, les troglos, les découvertes, le puits de sculptures de Denezé-sous-Doué en rampant… Nous empruntons, Lady trog et moi-même, fragilement et délicatement les chemins de ces pionniers du troglodytisme avec ferveur.


Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Vendredi 4 Novembre 2011 à 08:22 | Lu 1557 fois




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