Des habitants très spéciaux

Aspects du monde souterrain, la biospéleologie


A de nombreuses reprises, nous avons déjà évoqué nos amies les chauves-souris très représentatives du monde souterrain. Il est d'autres espèces, discrètes qui occupent de minuscules places ne serait-ce que par leur taille, les organismes anacoriques qui vivent dans un trou, une petite cavité.
Les troglobies (animal cavernicole inféodé au milieu souterrain) sont parfaitement adaptés à cet univers minéral et obscur et présentent souvent des caractéristiques anatomiques, morphologiques, physiologiques ou comportementales particulières : la majorité de ces espèces ont notamment perdu leur couleur, ont un sens de la vue peu développé, mais sont adaptées à leur milieu parfois de manière surprenante pour nous autres humains.
Ainsi nous avons prélevé trois habitants très spéciaux, le Prothée, l'Axoliti et le Niphargus.


Le prothée anguillard ou salamandre des grottes

philippe-crochet.com
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C'est le plus prédateur des fonds souterrains, sa capacité de régénérer ses tissus est étonnante (il peut atteindre l'âge de 102 ans), de 20 à 30 cm de long. Complètement aveugle, il se fie à son odorat et au toucher. La ressemblance de sa peau avec celle de l’Homme lui a ainsi valu le surnom de « poisson humain » dans certaines cultures.
Il intéresse les scientifiques notamment en raison de sa capacité à régénérer ses tissus, qui permet d'étudier certains mécanismes du vieillissement chez les vertébrés.
 
 

Le niphargus

Typique des grottes d'Europe, cet invertébré carnivore (4 à 50 millimètres environ) sévit dans certains puits, fontaines ou résurgences après les grosses pluies. Il peut survivre 200 jours sans manger et 6 mois hors de l'eau, dans une zone humide. Vivant dans des eaux souterraines de température moyenne de l'ordre de 11 °C, le niphargus supporte mal les élévations thermiques et meurt au-delà de 15 °C.  À l'inverse, bien qu'il ne gèle pas dans les cavernes souterraines où il est le plus présent, il survit quand il est pris dans la glace, et reprend son activité dès qu'il peut en dégager ses appendices. Ceci lui a probablement permis de mieux survivre aux dernières glaciations.
 

L'axoloti alias ambystoma mexicanum

Ce petit phénomène de taille réduite de taille moyenne se situant aux alentours de 25 cm vit principalement dans les eaux des lacs de Xochimilco et Chalco et dans les « axalapascos » (cratères volcaniques remplis d'eau). Il fait l'objet d'études attentives pour ses deux particularités : il reste à l'état larvaire, et peut régénerer des organes endommagés ou détruits, y compris... son cerveau ! Les axolotis sont utilisés pour la recherche et beaucoup sont élevés en captivité.
 
 

 

La spéléologie biologique

De par le monde, il existe des réseaux karstiques ou quelques lieux souterrains, encore mal explorés et considérés comme abritant une biodiversité spécifique. Les écosystèmes souterrains constituent un axe majeur de la recherche en matière de biospéologie ( ou biospéléologie). Chaque année, de nouvelles espèces cavernicoles sont découvertes. Là encore, la collaboration entre spéléologues et scientifiques fait avancer les connaissances de la biodiversité et d’écosystèmes particuliers qui ne se rencontrent que dans le milieu souterrain.
La spéléologie biologique est l'étude du monde vivant à l'intérieur des cavités terrestres (ou hypogées). Cette discipline scientifique, branche de la zoologie liée à la spéléologie porta tout d'abord le nom de biospéléologie.
 
Prochainement, le monde des taupes... avec des envoyés très spéciaux.


Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Dimanche 17 Janvier 2021 à 17:29 | Lu 519 fois




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