De la littérature souterraine : "vingt mille lieux sous Paris" (2/3)

Littérature souterraine


Explorateur des sous-sols parisiens depuis près de 10 ans, Basile Cenet nous emmène découvrir les lieux souterrains les plus inattendus de la capitale à travers le récit de ses “balades” aussi rocambolesques qu'authentiques ! Voici la suite des extraits tirés de ses pérégrinations souterraines.


La revue de presse : Clara Wright - Libération du 20 juin 2013

«Où existe-t-il encore des endroits dans le monde ne figurant sur aucune carte ?» questionne Basile Cenet...
Construit comme un véritable carnet de bord, le livre décrit les déambulations de l'auteur dans «l'envers du décor» parisien. Décor physique : des catacombes et galeries. Alternatif : avec ses free parties et bars enfouis. Technique : des portes, câbles et plans. Et enfin sociologique : une véritable communauté de «vagabonds» y circule et cohabite.
 

bougies et catalampe

Fort d'une première expérience bredouille sur la voie de chemin de fer qui donne accès  aux carrières de Meudon, Cédric découvre enfin le plaisir de l’exploration à sa deuxième tentative :
En haut à gauche de la grille, un trou. Dans le jargon des sous-sols, on appelle ça une chatière. Je n’en suis pas encore à me demander par qui ni comment elle a été creusée. Tout ce que je sais, c’est que je la regarde et que je n’ai jamais eu encore, dans ma vie, à me faufiler dans un pareil trou. Il me paraît minuscule. Aujourd’hui, après en avoir passé des centaines et des centaines, plus étroites et plus acrobatiques les unes que les autres, je jauge parfaitement les dimensions de mon corps et un simple coup d’œil à une chatière me permet de savoir si je  passe ou non, mais, ce jour-là, je regarde le trou d’un air dubitatif. […]
Le plus grand d’entre nous se lance en premier, s’il passe, tout le monde passe et le problème est réglé […]. Il passe. Pas de problème, j’y vais en deuxième, sans crainte, plutôt heureux de m’essayer à cet exercice. Bras en avant, les épaules passent, le reste suit.
Nous voilà tous dans la carrière, condamnés à avancer au ralenti sous peine d’éteindre nos bougies. Nous ne connaissons pas encore la technique de la catalampe qui consiste à ouvrir une canette vide en deux et à y mettre une bougie. L’aluminium  à l’intérieur sert de réflecteur à la lumière et la flamme est protégée du vent, c’est une technique de dépannage très efficace. Mais pour le moment, la cire brûlante nous coule sur les doigts, la flamme vacillante menace de s’éteindre à chaque accélération que nous faisons pour tenter de retrouver celui qui a la «lampe » et nous n’avons pas de plan. Deux virages à gauche, trois à droite, on avance un peu. On se sent déjà perdus au bout du monde. Nous décidons de nous installer ici pour sortir nos mauvaises bouteilles et attendre le petit matin dans la joie et la bonne humeur.


 

La carrière aux moustiques

La deuxième carrière que nous visitons s’appelle les Lions. Nous trouvons un plan sur le site des « Joyeux Lutins », notre mine d’information de l’époque, désormais fermé. Les plans y étaient nuls, imprécis, moches, mais ils avaient le mérite d’exister et de savoir grosso modo quand tourner à droite ou à gauche et comment retrouver la sortie, à condition de savoir où se trouvaient l’accès sur le plan car il n’était jamais indiqué. […]
Je sens que c’est à moi de faire le premier pas, ce coup-ci. Je m’engouffre donc dans le trou en m’aidant de la corde de fortune. J’éprouve une sorte d’appréhension, mais surtout une forte excitation liée à la découverte et au fait de ne pas savoir exactement où l’on met les pieds. Une fois passée la première chatière d’accès, j’arrive dans une espèce de salle intermédiaire. C’est horriblement poussiéreux, je n’y vois pas grand-chose avec ma maudite lampe et je ne peux me tenir qu’accroupi. La pièce est remplie de gravats, d’objets métalliques, de pneus et, effectivement, d’araignées. Je n’en dis pas un mot. De là où je suis, j’oriente mon appareil photo vers le fond de la pièce et capture une image au flash. Je regarde mon écran et, malgré la poussière qui brouille le cliché, je distingue au fond de la salle une nouvelle chatière. Je m’y dirige, y glisse mon bras et, en utilisant la même technique, je peux voir cette fois s’afficher une échelle qui descend six mètres plus bas environ. Pour passer, il faut se mettre à plat vendre, se faufiler dans la chatière et trouver à l’aveuglette l’échelle avec ses pieds. J’appelle les autres. On descend tous. En bas, dans la première galerie, des centaines de moustiques sont cristallisés, comme momifiés, sur les murs en craie. Les galeries sont magnifiques, typiques des carrières de craie, d’un blanc pur maculé de quelques taches noires qui sont en  fait de silex, comme des étoiles sur la voûte céleste. De vraies cathédrales souterraines. […]
Une fois sortis de la  carrière, on marche, le jour se lève, la fraîcheur de l’aube est des plus agréables. Nous sommes, comme souvent, partagés entre deux sensations : heureux de retrouver la surface et déjà nostalgiques des sous-sols.

 
De néophyte, Basile va devenir une personnalité incontournable de l’exploration souterraine, étendant toujours plus loin et plus profond sa découverte de la géographie des sous-sols parisiens.
Lire aussi l'article 1753.

A suivre...


Vingt Mille lieux sous Paris
Un récit d'aventures de Basile Cenet
Editions du Trésor
Lady Trog.

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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Vendredi 26 Décembre 2014 à 10:49 | Lu 360 fois




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