Bossoun, Le déjeuner du Ramadan


Nous sommes dans le sud marocain, au bord de l'océan. Au-delà du village de Bossoun, au bout de plusieurs kilomètres de piste dans le sable. Un hameau de grottes de pêcheurs face au grand bleu. L'odeur de poisson pourri envahit les narines, portée par le vent. La mer inhospitalière a laissé des déchets sur les rochers,et les pêcheurs , comme des équilibristes, se penchent au-dessus du vide, attirés vers le fond par le fil de leur canne. Nous recherchions la grotte de Nanard ; nous avons rencontré Momo.


La rencontre

Bossoun, Le déjeuner du Ramadan
La première fois que nous avons tenté d'atteindre Boussoun, nous avions dû faire demi tour, car notre modeste voiture de location patinait sur la piste ensablée. Nous sommes donc revenus le lendemain à Bossoun avec notre guide Brahim. Bien nous en a pris, car nous n'aurions jamais osé persévéré sur ce chemin sans aucune indication, et  qui semblait nous mener directement dans l'océan. Puis, au bout de plusieurs kilomètres, quelques constructions apparaissent, disséminées au bord de la falaise. Nous abandonnons le véhicule sur le parking et descendons le long de la falaise escarpée. En contrebas, un paysage de grottes de pêcheurs colorées, une baie protégée par une jetée antique construite par quelque titan marin. L'odeur du poisson est partout et les seules silhouettes visibles sont celles des pêcheurs suspendus à leur fil, au bord du gouffre. On ne vient ici que les jours de beau temps car la tempête est violente et les vagues déferlent sans concession sur les rochers.  De-ci de-là des bassins creusés par l'érosion forment des piscines naturelles que l'on atteint par des marches géantes aménagées par le caprice des vagues.
La grotte de Nanard porte un numéro comme les Mille et une grottes qui s'étirent depuis le village d'Aglou jusqu'à Bossoun. Mais j'ai égaré le papier où j'avais noté le numéro, alors nous cherchons lsa cave sans trop y croire, vers le n° 237... Nous interrogeons les pêcheurs assis au bord des falaises, et voilà qu'un des visages s'éclaire avec un grand sourire.
"- Bernard! oui, bien sûr, j'espère qu'il n'est pas mort! cela fait si longtemps qu'on ne l'a pas vu ici ! Moi, c'est Mohamed,  Momo pour les intimes! Si vous êtes des amis de Bernard, alors vous êtes mes amis. Je vous montre sa grotte, mais je n'ai pas les clés. Elles sont au village!" Coup de chance, nous étions tombés sur le gardien de la maison de Nanard, Bernard Foyer, heureux propriétaire d'une grotte à Bossoun et sur les traces duquel nous avions entrepris ce voyage au Maroc.

Le déjeuner

Bossoun, Le déjeuner du Ramadan
Momo nous invite alors à déjeuner. Nous sommes sur un bout de côte perdue, à plusieurs lieues du premier village,  et je me demande où il va trouver de quoi nous préparer à manger à l'improviste. Mais voilà un homme plein de ressources. Il nous emmène dans sa maison, la  plus belle des grottes que nous ayons visitées, et qu'il a restaurée avec art : un décor de galets sur la terrasse, des enduits de torchis paillé à l'intérieur au lieu de la simple chaux blanche ; des tableaux de son ami K. Abdallah, pêcheur et peintre, que nous avons aussi rencontré et qui a attrapé sous nos yeux  un magnifique poisson qu'Ibrahim s'empresse de lui acheter. Momo nous installe sur la grande terrasse, d'où l'on déloge une ribambelle de chats à l'affût d'une aubaine culinaire. Le temps de s'installer et il a déjà couru chez Abdallah récupérer des tomates. Il allume le barbecue en un coup devent, et lave les daurades qu'il vient de pêcher, encore frétillantes. Un festin de rois nous est servi dans une vaisselle colorée : tomates fraîches, poisson grillé, figues de barbarie, face à l'océan, sous le soleil exactement. Brahim et Momo nous regardent manger avec bienveillance, car c'est Ramadan. Mais il n'y a nulle gêne de part et d'autre, et nous dévorons ce festin de bon appétit.  Le Ramadan signifie ressentir les douleurs de la faim, afin que le riche puisse compendre ce que vit le pauvre qui n'a rien à boire, ni à manger. La religion  catholique devrait prendre de l'Islam quelques leçons d'humilité.. Le repas se termine par un thé à la menthe ( pousse-t-elle entre les rochers?). Le bonheur à l'état pur.
Merci Momo, reçois notre gratitude pour ta générosité et ton accueil. Nous transmettrons ton bonjour à ton ami Bernnard et nous nous souviendrons lngtemps de ton sourire et de ta splendide demeure. Nous reviendrons te voir, Inch Allah!


Lady Trog

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Rédigé par Renée Frank le Vendredi 11 Octobre 2013 à 07:27 | Lu 184 fois




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