Troglos de Chine : Guo ru bin et les siens.


Juillet 2004 : je repars de Fuyihe que je viens à peine de découvrir. Deux jours auront suffi à m’y attacher définitivement, mais je ne le sais pas encore quand je fais ce portrait de groupe. Y figurent Guo ru bin et son épouse, sa fille ainée, la sculpturale Guo wen e, les deux gendres de Guo et ses trois petits enfants.


portrait de groupe à Fuyihe
portrait de groupe à Fuyihe

Lorsque je suis arrivé la première fois, accompagné d’une jeune institutrice, Gao Lin, les premiers mots prononcés par Maître Guo ont exprimé sa joie d’accueillir des “faguo ren”, des étrangers venus découvrir sa région. “Venez nombreux, nous sommes prêts  à vous recevoir et à vous faire partager un trésor que vous pourrez emmener avec vous.” Monsieur Jujube venait de manifester sa volonté inébranlable et expansionniste : développer la jujube et sa culture à travers le monde.


Troglos de Chine : Guo ru bin et les siens.

Sec et noueux comme un vieux chêne, Guo ru bin a aujourd’hui près de 65 ans. Outre la culture du jujube local, euh pardon… mondial, il voue toute son attention à sa famille. Tôt le matin, il s’en va examiner ses champs, et ne part, ni ne revient les mains vides. Un kilomètre de dénivellé le sépare de ses parcelles. Il y reste du lever du jour jusqu’à 11 heures. Puis c’est la préparation du repas : il virevolte dans le yaodong, s’occupe inlassablement d’attiser le feu, aidant par çi, par là, à la mise en place du repas orchestré par Guo wen’e. De temps en temps, il s’éclipse pour discuter avec un voisin. Puis il reparait, frappe dans ses mains, vous regarde et péremptoirement déclare “chefan”! (à table!). Nous l’obligeons alors, ses filles et nous prenant le relais, à manger autre chose que du blé et de l’ail. Car son sens de l’économie va jusque là.


Troglos de Chine : Guo ru bin et les siens.

Sous ce visage émacié, ces yeux rieurs,  se cache un être d’une finesse et d’une intelligence rare. Quelqu’un qui ne passe jamais inaperçu, de par la tranquille énergie qu’il dégage, ainsi que par une aura perceptible par tous. Il promène sur les choses de ce monde un regard serein et acerbe avec nonchalance et acuité. Guo, c’est aussi une voix métallique et tonitruante, de longues mélopées nasillardes et parfois dans certaines circonstances, une larme futrivement et maladroitement dissimulée qui perle aux coins des yeux.


Guo wen'e

Troglos de Chine : Guo ru bin et les siens.

Sublime Guo Wen’e. Notre égérie, la clef de voûte de notre voyage. Nicolas Jolivot  et moi, dans d’autres circonstances ou dans une autre vie, nous serions battus pour obtenir d’elle un regard.

La femme orchestre dans toute sa splendeur. N’y voyez aucune consonance machiste, Guo Wen’e peut et sait tout faire. La fermeté s’allie à une élegance naturelle, tout comme son père. Après une longue journée d’efforts soutenus, elle participe joyeusement aux festivités nocturnes. Puis elle s’étend légèrement en retrait, Presque lascive, sans fausse pudeur.


Guo Yong’e, l’ainée

Troglos de Chine : Guo ru bin et les siens.

Voici  L’ainée des filles de Guo. Au total ce dernier a trois filles qui veillent consciencieusement sur lui. Est-il cerné? Celle qui lui laisse plus de latitude, c’est sa femme.

Guo yong’e ne vit pas au village,mère de deux enfants, elle habite à Yanchuan. De passage chez son père, elle nous retrouve avec plaisir. Dès son arrivée, elle participe activement aux taches de la maisonnée. Elle règne avec un sourire tranquille, chaleureux sur ce royaume partagé. Directe et curieuse, elle s’enquiert de notre voyage et en profite pour nous interroger sur notre culture.

 


Guo Xiang’e, l’enfant terrible de Guo

Troglos de Chine : Guo ru bin et les siens.

 C’est la plus jeune fille de Guo : un charme insolent, allié à la fraîcheur de la jeunesse. Insouciante et consciente de sa beauté, elle est avant tout une urbaine et brandit en minaudant son aversion pour le travail des champs. Le portable dernier cri ne quitte pas sa main gauche et dès que possible, elle regarde avec attention les derniers clips videos  des pops chinoises.

Il faut l’observer se dandiner en tentant désespérement de porter le ballant rempli de jujubes qu’elle abandonne sitôt dit à Nicolas, serviable et … séduit.

Guo ru bin parfois lui adresse un regard critique, vainement désepéré.

Guo wen’e, tranquillement, fermement et sereinement lui intime de participer aux menus tâches ménagères que notre jeune donzelle s’empresse de faire, à reculons. Et lorsqu’elle prend la pose pour cette succession de portraits, elle ôte délicatement ses lunettes (assorties à son vêtement) et m’adresse le plus beau des sourires.


A suivre.



Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Vendredi 25 Mars 2011 à 16:24 | Lu 403 fois




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