Rietberg Museum : un exemple de musée souterrain


La Suisse est un pays en pointe pour l'architecture souterraine : on est passé des habitats refuges ( abris anti atomiques) à de l'habitat plaisir individuel, mais aussi à de grands espaces souterrains à vocation culturelle. L' exemple du Musée Rietberg à Zürich reflète cette tendance à l'utilisation artistique du sous-sol.


Une colline creusée

En visite à Zürich, me voici en quête du prestigieux musée des arts asiatiques, le musée Rietberg situé sur une colline bucolique, dans un grand parc arboré. L'allée qui monte vers la villa palatine révèle d'anciens pavillons résidentiels construits au 19ème siècle disséminés dans la nature.
Le parc était  la propriété du collectionneur Otto Wesendonck. Il a été conçu par le paysagiste Theodor Froebel et par l’architecte Leonhard Zeugheer pour la villa à l'italienne.
La villa a abrité des hôtes prestigieux comme le compositeur Richard Wagner qui y a composé son opéra "Tristan et Isolde".
L'architecte Alfred Gradmann le restaure entre 1951 et 1952 et le musée ouvre le 24 mai 1952. Il abrite depuis d'extraordinaires collections d'art africain et asiatique.

La promenade vers le musée serpente le long de la colline et les anciens bâtiments apparaissent au fur et à mesure de l'ascension.
Jusque-là, on a l'impression de découvrir un charmant petit musée dans son écrin historique... Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises.



Trois niveaux de galeries

Soudain, un bâtiment de verre chatoyant comme une émeraude apparaît dans le paysage : cette serre contemporaine est l'entrée du nouveau bâtiment qui abrite désormais les collections mieux mises en valeur et une grande salle d'expositions temporaires.

Ces nouveaux espaces ont été construits par les architectes berlinois Alfred Grazioli et viennois Adolf Krischanitz en 2007. Si la serre inondée de lumière est dédiée à l'accueil et à la boutique, les grands escaliers de caillibottis de bois clair plongent 15 mètres sous terre, avec 2 niveaux de salles d'expositions : une grande leçon d'épure.

Le premier sous-sol est dédié aux collections permanentes, principalement d'art chinois des périodes anciennes, dont les Han et les Tang,  jusqu'à la dynastie des Ming. Sublime!

La salle d'exposition temporaire au deuxième sous-sol fait 1200 m² avec une hauteur de plafond de 5 mètres de haut muni d'éclairages qui peuvent donner l'illusion d'une lumière du jour ou au contraire une ambiance feutrée. Elle accueille en ce moment une remarquable exposition d'art tribal de Côte d'Ivoire.

Quelques marches plus bas encore, le musée a eu l'idée d'ouvrir les réserves au public : les oeuvres non exposées dans les salles sont visibles sur des étagères dans des armoires de verre au dernier sous-sol du musée souterrain, comme un vaste cabinet de curiosité.

Trois étages cachés de merveilles qui viennent donc compléter la promenade enchanteresse dans les salles d'exposition des villas du musée dans lesquelles vous découvrez entre autres des trésors de l'art indien et africain.

Un choc spatial

photo Renée frank
photo Renée frank
Cette architecture surprise que l'on découvre après avoir gravi la colline, outre son coup de génie esthétique, a permis de doubler la surface d'exposition du musée Rietberg. Le contraste est saisissant entre la villa italienne aux décors précieux et les géométries épurées du sous-sol : les sculptures bouddhiques et les céramiques chinoises sont aussi bien mises en valeur dans les salles supérieures que souterraines, mais d'une façon différente, tour à tour classique et moderne.

Ce qui fait donc la beauté du site du musée Rietberg et de ses collections, c'est ce contraste entre le classicisme des  villas ouvertes sur la nature d'une part, et la descente vers le monde souterrain contemporain, d'autre part. On assiste ici à une expansion des salles et des sensations, passant de l'intime précieux aux vastes espaces épurés. Un choc spatial et sensitif très réussi.


Lady trog


Musée Rietberg, Park Villa Rieter, Zürich
www.rietberg.ch




Rédigé par Renée Frank le Lundi 24 Février 2014 à 05:17 | Lu 539 fois




Nouveau commentaire :
Facebook