Paris, frigidaires en souterrains (1)

Esquimaux, chocolats glacés !


Nous poursuivons nos investigations à la recherche de la fraicheur dégagée par nos chers souterrains pour revenir sur l’une des composantes essentielles à la survie de la Capitale qui comptait, il y a peu sur l’échelle du temps 40 glacières dévolues au confort de ses habitants.


A l’époque, on ne parlait ni de frigos (frigidaire, la première marque), ni de glacières portables, encore moins de data-center. Les Turcs connaissaient la technique de refroidissement alors que sous Henri III on rafraichissait les boissons avec de la neige.
Le concept existe en 1799 dans le dictionnaire de Pierre Richelet : « Glacière, f. f. glacialis : Sorte de petite chambre, on de grande loge couverte de terre et de paille, si bien fermée que le jour n'y entre point où l'on conserve de la glace l'été afin de boire frais. (une bonne glacière. Les glacières se font ordinairement dans quelque coin de jardin.) »

En France, la glace met du temps à prendre…

Au 17ème siècle (1668) apparaissent dans la Capitale, les premiers café-glaciers : le Procope, introduit la glace et le sorbet en 1660 dans son célèbre café face à la Comédie Française.
Il fallut attendre le 19ème siècle pour voir la Ville approvisionnée par 40 glacières : à Gentilly et Saint Ouen, La Société des Glacières réunies en possédait trente, qui pouvaient emmagasiner vingt mille tonnes de glace.
La consommation totale de glace s’élevait à 7500 tonnes dont 500  réservésaux marchands, préparateurs de denrées alimentaires, crémiers et autres glaciers…
On trouve des détails intéressants dans le journal des Travaux publics de 1862 : « La consommation de glace à Paris, est de «  six millions de kilogrammes par an, livrés au commerce au prix de 9, 10 c. le kilogrammes, on le revend au détail de 20 à 40 c. le kilogramme. En établissant elle-même des glacières, l'administration municipale a voulu empêcher le monopole d'augmenter le prix de la glace en gros et faire diminuer le prix de la glace en détail, en la vendant 12 c. le kilogramme.
Les glacières de la ville de Paris sont établies dans une partie du petit bois compris entre les fortifications et le chemin de fer d’Auteuil, non loin des lacs et du puits de Passy. Les forages de ce puits ayant indiqué pour la composition du sol un banc île roche de 15 mètres 50 cent. d'épaisseur reposant sur une couche de sable granuleux, ce terrain a paru le plus convenable pour établir les glacières, les matériaux de construction étant fournis par le sol lui-même, et l'eau provenant de la fonte des glaces trouvant un écoulement facile dans les sables sous-jacents.
Une fouille a été de 70 mètres de longueur sur 30 de largeur et 15 mètres 50 de profondeur. Cette immense excavation de 32 550 mètre a été divisée en dix compartiments formant des cubes de 12 mètres de côté et contenant chacun l million de kilogrammes de glace, soit 10 millions pour l'ensemble ; mais comme on admet un déchet de 50 pour cent, ou ne compte que sur 5 millions livrables. »
 

Les livraisons s’effectuaient à domicile, grâce aux voitures à cheval. C’était le Paris d’un autre temps : les paniers tout prêts étaient extraits de la glacière,  chargés dans la voiture et livrés au consommateur. Des vendeurs de pain de glace et de « carafes » passaient ainsi chaque matin, comme le laitier.
 
 
A suivre…

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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Mercredi 30 Août 2017 à 15:09 | Lu 226 fois




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