Les troglos de Chine 2


J’ai toujours aimé la pierre. Encore plus lorsqu’il s’agit de troglos. Ceux d’ici et d’ailleurs. Je les ai connus espagnols, italiens, ou encore syriens, et bien sûr, métropolitains. Là, ils sont chinois, répandus dans cette région de Chine où le lœss réunit les conditions favorables à l’établissement d’un habitat troglodytique.


Les troglos de Chine 2
Cette pierre jaune, née du lit du fleuve occupe le bassin moyen du Fleuve Jaune. Elle peut recouvrir des soulèvements du relief jusqu’à 2000 mètres d’altitude. Tendre et plus ou moins compacte, elle peut être facilement creusée. Le revers de la médaille c’est que son instabilité permanente modifie le tracé des routes, la découpe des champs, le travail de l’homme. Lorsque des pluies torrentielles s’abattent, les routes deviennent impraticables, les éboulis sont choses courantes, comme les déviations improvisées et momentanées mises en place sur les axes de circulation.


Le yaodong (maison creusée) est la bonne réponse architecturale apportée par l’homme à la nature. Les habitations sont excavées en poches, comme des fours creusés dans le lœss, semi enterrées. Il ne s’agit pas ici, au contraire de chez nous, d’un habitat de pénurie, ou d’un habitat refuge : nous sommes dans une région riche et de haute civilisation, sur la route de la soie.      
 
Géométrie stricte, tracés réguliers, agencement intérieur, voilà les principales caractéristiques des Yaodong. Plusieurs types peuvent coexister : le yaodong latéral comme nous l’avons découvert  à Yanchuan composé de trois (voire 5) « kong » successifs qui communiquent rarement entre eux. Il peut également être agrémenté à un niveau supérieur d’une cour. Deux ou trois ailes construites referment l’espace extérieur comme c’est le cas à la campagne et dans les petits villages. Tous sont orientés de façon à récupérer l’énergie du soleil, c’est-à-dire la chaleur et la lumière. 

Le troisième type de Yaodong, ce sont les grottes construites : les voûtes sont en terres appareillées, les façades en blocs ou en briques, adossées au lœss (Yan’an, Yanchuan). La durée de vie d’une habitation creusée est de trois générations. Celle d’une grotte construite la surclasse par sa longévité : sa durée de vie est estimée à 500 ans. Dans tous les cas, l’architecture retourne à la terre. Les yaodong, économes en matière de construction, assurent un niveau et une stabilité thermiques, ainsi qu’un taux d’humidité presque parfait.     

L’agriculture occupe l’espace partout où le terrain la rend possible :  la vigne  sur les plateaux en passant par les pommes, pastèques et autres pêches, jusqu’au tournesol et au « jujube » qui sera l’objet du prochain reportage. 



Rédigé par L' équipe des Troglonautes le Vendredi 11 Février 2011 à 00:15 | Lu 873 fois