Lanzarote dans la littérature (2)

Voyage et littérature


Reprenons l’auteur là où nous l’avions laissé dans sa description de l’île de Lanzarote :
« Or les attractions touristiques de Lanzarote sont peu nombreuses ; elles sont au nombre de deux. »
Nous avons nous-mêmes visité et apprécié le jardin de cactus et le parc du volcan de Timanfaya. Revisiter ces sites à travers le regard désabusé de Michel Houellebecq est un plaisir à ne pas manquer. Il faut le lire avant et le relire après le voyage.


«  La première, un peu au nord de Guatiza, est constituée par le « Jardin de cactus ». Différents spécimens choisis pour leur morphologie répugnante, sont alignés le long d’allées pavées de pierre volcanique. Gras et piquants, les cactus symbolisent parfaitement l’abjection de la vie végétale – pour ne pas dire plus. Le « Jardin de cactus »,  quoi qu’il en soit, est peu étendu ; la question de la visite, en ce qui me concerne, aurait pu être réglée en moins d’une demi-heure ; mais j’avais choisi l’excursion de groupe, et il fallut attendre un gros moustachu belge.  J’avais croisé l’homme alors que, dans une immobilité parfaite, il fixait un gros cactus violacé, en forme de bite, artistiquement planté à côté de deux cactus périphériques, plus petits qui devaient représenter les couilles. Sa concentration m’avait impressionné : on avait certes affaire à un phénomène curieux, mais enfin ce n’était pas le seul. D’autres spécimens évoquaient un flocon de neige, un homme endormi, une aiguière. Parfaitement adaptés à un milieu naturel désespérant, les cactus mènent ensuite, si l’on ose dire, une existence morphologique sans contrainte. Poussant à peu près seuls, ils ne sont nullement tenus de s’adapter aux exigences de telle ou telle formation végétale. Les prédateurs animaux, de toute façon peu nombreux, sont d’emblée découragés par l’abondance de leurs piquants. Cette absence de pression sélective leur permet de développer sans complexe une grande variété de formes burlesques, propres à faire l’amusement des touristes. […]

« La seconde attraction touristique est plus étendue ; elle constitue le clou du voyage. Il s’agit du Parque Nacional de Timanfaya, situé à l’épicentre des irruptions volcaniques. Les mots de « parc national » ne doivent pas faire illusion : sur les douze kilomètres carrés de la réserve, on est à peu près sûr de ne rencontrer aucun animal vivant, hormis quelques chameaux orientés vers l’exploitation touristique. […]
Au bout de quelques kilomètres, nous nous engageâmes sur une route parfaitement droite tracée au milieu d’un chaos pierreux. Le premier arrêt-photos était prévu juste avant l’entrée du parc. Sur à peu près un kilomètre devant nous s’étendait une plaine de rochers noirs aux découpes tranchantes ; il n’y avait pas une plante, pas un insecte. Immédiatement après, les volcans barraient l’horizon de leurs pentes rouges, par endroits presque mauves. Le paysage n’avait pas été adouci, modelé par l’érosion. Il était d’une brutalité totale. »
Je n’aurais pas su mieux décrire les paysages lunaires que nous avons parcourus avec enchantement à Lanzarote.

La description du restaurant du mirador de Timanfaya par notre écrivain de talent est tout aussi jouissive. On y fait effectivement griller du poulet (ou autres viandes ou poissons) sur une grille géante posée sur une sorte de puits qui n’est autre que la bouche fumante d’un volcan. Il faut compter une demi-heure pour que le poulet soit à point, mais voilà ce que cela donne décrit par Houellebecq :
«  Tout commençait par une animation brève, présentée par un employé du site, conçue pour mettre en avant le caractère volcanique de l’environnement. Par une fissure s’ouvrant dans la terre, on introduisait des côtelettes ; elles ressortaient grillées. Il y eut des cris et des applaudissements. J’appris que les Allemandes s’appelaient Pam et Barbara, le belge Rudi. »


Bon, du côté des plages, on sera plus d’accord avec le verdict impitoyable de l’auteur, car certaines stations balnéaires ont malheureusement été bétonnées au détriment de l’environnement. Mais nous ne nous y sommes pas attardés, voire nous les avons simplement évitées. Il y avait tant d’autres belles choses à voir comme les Jameos del Agua, la Cueva de los Verdes, la Maison de César Manrique, que nous vous ferons découvrir dans de prochains articles.
 L.T.

« Lanzarote et autres textes »
 Michel Houellebecq
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Rédigé par Patrick Edgard Rosa le Jeudi 6 Octobre 2016 à 07:16 | Lu 201 fois