La citerne souterraine d'El Jadida

Architecture souterraine


Sur le chemin du Sud Marocain, étape obligée pour les Trogs, la cité portugaise d'El JAdida, anciennement Mazagan, élève fièrement ses remparts et son château face à l'Océan. Classée au Patrimoine Mondial, cette magnifique cité blanche recèle bien des secrets. C'est celui de sa citerne souterraine qui nous intéresse...


La taverne de Mazagan

Certain lieux inspirent les poètes, d'autres les cinéastes. La citerne de Mazagan a servi de décor au "Othello" d'Orson Welles. Quelques scènes du "Retour de l'étalon noir", produit par Coppola et "Harem", d'Arthur Joffé, ont également été tournées ici.

Mais où se cache cette citerne souterraine? Une fois franchis les remparts qui séparent l'ancienne ville portugaise du reste de la cité bruyante, on se perd dans les ruelles se terminant en cul-de-sac : un vrai labyrinthe. Mais si on longe la rue principale, on tombe sur une enseigne qui semble plus indiquer l'entrée d'un tripot que celle d'un site touristique. Il est encore tôt le matin et nous somme les premiers à franchir le seuil de cette taverne. Une femme vend des billets derrière une guérite et un vieil homme attend le client pour lui faire faire la visite commentée. Une fois le sésame en main, la femme nous ouvre une lourde porte de bois cadenassée. On pénètre dans la pénombre et quelques marches nous mènent en contrebas dans l'ancienne salle de garde du château. Quelques centimètres d'eau font de cet espace mystérieux un lac souterrain dans lequel se reflète la lumière du ciel par un oculus creusé en son centre. Le vieux guide prend la parole et sa voix résonne sous les voûtes.

Le puits de lumière

"Les Portugais, explique le vieux guide,  édifièrent à Mazagan une forteresse - un château flanqué de quatre tours - en 1514, puis en 1542 une ville fortifiée ceinte d'épaisses murailles, qui pouvait accueillir plusieurs milliers d'habitants, tous originaires du Portugal.
Durant plus de deux siècles, Mazagan résista aux assauts des Marocains qui cherchaient à s'en emparer. La présence portugaise prit fin en 1769 quand la ville fut prise par Sidi Mohamed ben Abdellah."

Pour résister au siège, la salle de garde fut transformée en citerne, l'oculus permettant de récolter la pluie pourtant rare. Sur un plan carré de 34 m de côté, la salle comporte six nefs dont les voûtes d'arêtes reposent sur 25 colonnes et piliers. Les traces sur le mur indiquent que la salle fut autrefois remplie d'eau. Le puits de lumière en son centre apporte une atmosphère mystérieuse qui fait se lever les yeux vers le ciel comme en une prière.

Les eaux souterraines

Oubliée au fil des siècles, la citerne fut redécouverte par hasard par un commerçant qui trouva le passage au fond de sa boutique...
De vieilles cartes postales montrent des femmes voilées assises sur la margelle centrale, comme des personnages d'un autre temps sorties d'un roman de Pierre Loti. La magie opère...


Cette citerne me rappelle dans des proportions plus modestes celle de la basilique d'Istambul, qui servit aussi de décor de film à James Bond... Surgissent aussi en moi le souvenir des citernes de Matera : qui pourra m'expliquer pourquoi nager dans des eaux souterraines relève de l'envoûtement?


Lady Trog

À suivre : les potiers "troglos" de safi.
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Rédigé par Renée Frank le Lundi 20 Octobre 2014 à 12:43 | Lu 1139 fois




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