Il était une fois, Ali Baba et les quarante voleurs (2).


Voici la suite des aventures d’Ali Baba et de l’origine de la célèbre formule « sésame, ouvre-toi ! ». Son frère Cassim a découvert le secret d’Ali Baba grâce à sa femme imprudente qui a révélé par mégarde la nouvelle fortune d’Ali Baba. Attiré par l’appât du gain, Cassim se rend sur les lieux et, troublé par les trésors qu’il découvre dans la caverne, va se laisser prendre au piège de la formule magique. Toute histoire a une morale…
Reprenons l'édition Folio Junior, avec les illustrations de Roger Blachon.


Cassim a la mémoire courte

Il était une fois, Ali Baba et les quarante voleurs (2).
« Ali Baba, plutôt par son bon naturel qu’intimidé par les menaces insolentes d’un frère barbare, l’instruisit pleinement de ce qu’il souhaitait et même des paroles dont il fallait qu’il se servît, tant pour entrer dans la grotte que pour en sortir.
Cassim n’en demanda pas d’avantage à Ali Baba. Il le quitta, résolu de le prévenir ; et, plein d’espérance de s’emparer du trésor lui seul, il part le lendemain, de grand matin, avant la pointe du jour avec dix mulets chargés de grands coffres, qu’il se propose de remplir, en se réservant d’en mener un plus grand nombre dans un second voyage à proportion des charges qu’il trouverait dans la grotte. Il prend le chemin qu’Ali Baba lui avait enseigné ; il arrive près du rocher et il reconnaît les enseignes et l’arbre sur lequel Ali Baba s’était caché. Il cherche la porte, il la trouve : et, pour la faire ouvrir, il prononce les paroles « sésame ouvre-toi. » La porte s’ouvre, il entre, et aussitôt elle se referme. En examinant la grotte, il est dans une grande admiration de voir beaucoup plus de richesses qu’il ne l’avait compris par le récit d’Ali Baba ; et son admiration augmente à mesure qu’il examine chaque chose en particulier. Avare et amateur des richesses comme il était, il eût passé la journée à se repaître les yeux de la vue de tant d’or, s’il n’eût songé qu’il était venu pour l’enlever et pour charger ses dix mulets. Il en prend un nombre de sacs, autant qu’il en peut porter ; et, en venant à la porte pour la faire ouvrir, l’esprit rempli de toute autre idée que ce qui lui importait davantage, il se trouve qu’il oublie le mot nécessaire, et au lieu de Sésame, il dit : « Orge, ouvre-toi », et il est bien étonné de voir que la porte, loin de s’ouvrir, demeure fermée. Il nomme plusieurs autres noms de grains, autres que celui qu’il fallait, et la porte ne s’ouvre pas. »

Les voleurs reviennent à la grotte

Il était une fois, Ali Baba et les quarante voleurs (2).
Bon, Voilà Cassim dans un grand embarras, mais ne déplorons pas son triste sort bien mérité. Pourtant, il avait droit à plus de 3 essais pour sortir son argent de la grotte. C’est pas comme nous, avec notre petite carte en plastique devant un distributeur automatique qui se bloque si on oublie le code. Mais, ne nous égarons pas et reprenons le fil de l’histoire :
« Les voleurs revinrent à leur grotte vers le midi ; et, quand ils furent à peu de distance et qu’ils eurent vu les mulets de Cassim autour du rocher, chargés de coffres, inquiets de cette nouveauté, ils avancèrent à toute bride et firent prendre la fuite aux dix mulets que Cassim avait négligé d’attacher et qui paissaient librement , de manière qu’ils se dispersèrent deçà et delà dans la forêt, si loin qu’ils les eurent bientôt perdus de vue.
Les voleurs ne se donnèrent pas la peine de courir après les mulets : il leur importait davantage de trouver celui à qui ils appartenaient. Pendant que quelques-uns tournent autour du rocher pour le chercher, le capitaine, avec les autres, met pied à terre et va droit vers la porte, le sabre à la main, prononce les paroles, et la porte s’ouvre.
Cassim, qui entendit le bruit des chevaux du milieu de la grotte, ne douta pas de l’arrivée des voleurs, non plus que de sa perte prochaine. Résolu au moins à faire un effort pour échapper de leurs mains et se sauver, il s’était tenu prêt à se jeter dehors dès que la porte s’ouvrirait. Il ne la vit pas plus tôt ouverte, après avoir entendu prononcer  le mot Sésame, qui était échappé de sa mémoire, qu’il s’élança en sortant si brusquement, qu’il renversa le capitaine par terre. Mais il n’échappa pas aux autres voleurs, qui avaient aussi le sabre à la main et qui lui ôtèrent la vie sur-le-champ. »

Les voleurs délibèrent

Il était une fois, Ali Baba et les quarante voleurs (2).
« Le  premier soin des voleurs, après cette exécution, fut d’entrer dans la grotte : ils trouvèrent près de la porte les sacs que Cassim avait commencé d’enlever pour les emporter et en charger ses mulets ; et ils les remirent à leur place, sans s’apercevoir de ceux qu’Ali Baba avait emportés auparavant. En tenant conseil et en délibérant ensemble sur cet événement, ils comprirent bien comment il avait pu sortir de la grotte ; mais qu’il y eût pu entrer, c’est ce qu’ils ne pouvaient s’imaginer. Il leur vint en pensée qu’il pouvait être descendu par le haut de la grotte ; mais l’ouverture par où le jour y venait était si élevée, et le haut du rocher était si inaccessible par-dehors, outre que rien ne leur marquait qu’il l’eût fait, qu’ils tombèrent d’accord que cela était hors de leur connaissance. Qu’il fût entré par la porte, c’est ce qu’ils ne pouvaient se persuader, à  moins qu’il n’eût eu le secret de la faire ouvrir ; mais ils tenaient pour certains qu’ils étaient les seuls qui l’avaient ; en quoi ils se trompaient, en ignorant qu’ils avaient été épiés par Ali Baba, qui le savait.
De quelque manière que la chose fût arrivée, comme il s’agissait que leurs richesses communes fussent en sûreté, ils convinrent de faire quatre quartiers du cadavre de Cassim et de les mettre près de la porte en dedans de la grotte, deux d’un côté, deux de l’autre, pour épouvanter quiconque aurait la hardiesse de faire une pareille entreprise… »
 
Voilà donc Cassim puni de sa trahison. Ali Baba, alerté par la femme de Cassim, revient à la grotte pour découvrir le triste spectacle de son frère découpé en morceaux. Aidé de la belle esclave Morgiane, il fait recoudre le cadavre afin que personne ne découvre cette mort étrange et ne sache qu’il a pu pénétrer dans la grotte où il découvert Cassim. Mais les voleurs découvriront bientôt qu’Ali Baba détient leur secret. Cachés dans des jarres d’huile, ils s’introduisent de nuit dans sa demeure pour se venger, mais la courageuse Morgiane veille à la sécurité de son maître…
Pour connaître la suite et la fin de ce conte moral, je vous invite à aller chercher les « Mille et une Nuits » sur les étagères poussiéreuses de la bibliothèque…


Lady Trog

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Rédigé par Renée Frank le Dimanche 5 Mai 2013 à 06:39 | Lu 3788 fois




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